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Eclairage: «Les flammes du Capitole»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, sportive, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Pascal Hofer évoque les actuelles émeutes aux Etats-Unis et le rôle des réseaux sociaux.

03 juin 2020, 18:08
Une manifestation ce mardi à Columbus, dans l'Etat de l'Ohio.

Les images sont impressionnantes. On voit d’énormes flammes avec, à l’arrière, le dôme du Capitole. «Non loin de la Maison Blanche», peut-on lire sous les images. En visionnant cette vidéo, on vient à se dire que Donald Trump a raison de vouloir faire intervenir l’armée. Les manifestants ont dépassé les limites du tolérable.

Cette vidéo circule depuis quelques jours sur les réseaux. Problème: le dôme en question ne se trouve pas à Washington, mais dans l’Etat de l’Ohio. Les faits sont certes extrêmement graves, mais non, les bâtiments du pouvoir fédéral n’étaient pas sur le point de brûler. Des médias ont «fact-checké» certaines des affirmations émises au sujet de cette vidéo. La vérité a donc été rétablie. Mais de très nombreux Américains sont tombés dans le panneau.

On estime en effet que 40% des 230 millions d’Américains disposant d’un compte Facebook se forgent leur opinion sur la base de ce qu’ils voient sur ce réseau social. Dont les algorithmes, en plus, leur proposent ce qu’ils ont envie de voir. A partir de là, comment éviter que l’«Américain moyen» (s’il existe) ne gobe de fausses informations?

Le message du président, selon Twitter, violait les directives du réseau social relatives à l’apologie de la violence.

Twitter, la semaine dernière, a répondu en ajoutant la mention «Vérifiez les faits» à un post de Donald Trump. Le réseau social est même allé plus loin en masquant carrément un autre message du président, qui avait déclaré: «Les pillages seront immédiatement accueillis par les balles». Ce message, selon Twitter, violait clairement les directives du réseau social relatives à l’apologie de la violence.

Facebook, pendant ce temps, a choisi de ne pas bouger (même si Mark Zuckerberg, son directeur, a indiqué qu’il avait longuement hésité à modérer les propos présidentiels). Une attitude dénoncée publiquement par… des centaines de collaborateurs de Facebook.

Les réseaux sociaux doivent-ils se faire «les arbitres de la vérité en ligne», selon l’expression de Zuckerberg? Doivent-ils aller jusqu’à censurer les posts incitant à la violence, au racisme, à l’homophobie ou autre haine? A l’inverse, la sacro-sainte liberté d’expression (aux Etats-Unis s’entend) autorise-t-elle de tout dire?

Le débat enflamme les esprits outre-Atlantique. Une fracture de plus dans un pays où elles sont nombreuses et de plus en plus profondes. D’où les émeutes actuelles.

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