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Eclairage: «Le coup de pouce de la BNS à Trump»

Des universitaires nous éclairent sur des sujets d’actualité, de société ou de recherche. Aujourd’hui, Alain Naef, chercheur à l’Université de Californie à Berkeley, évoque les investissements de la Banque nationale suisse dans l’économie américaine.

03 févr. 2020, 17:00
En octobre dernier, la Banque nationale suisse possèdait 0,3% du marché des actions américaines.

L’implication de hackers russes dans la campagne de Donald Trump a fait beaucoup parler durant l’élection américaine de 2016. Mais ce qui est moins connu, c’est que pour l’actuelle campagne présidentielle américaine, la Banque nationale suisse pourrait être un allié important pour le président américain. La BNS a acheté une large quantité d’actions américaines, augmentant ainsi leur prix. Et l’actuel président américain se félicite fréquemment du cours de ces actions, chose qui semble plaire à ses électeurs.

La BNS, en octobre 2019, possédait plus de 0,3% du marché des actions américaines. Et rien ne laisse paraître que la banque centrale suisse arrête ces achats d’actions. En essayant d’éviter un franc fort, la BNS achète de large quantité de dollars sur le marché. Et comme ces dollars ne rapportent rien, la BNS les investit dans des actions américaines, telle que Exxon Mobil, Apple ou Amazon.

Ces investissements sont aussi problématiques à d’autres niveaux.

Bien sûr, ce soutien n’est pas voulu. Il est la conséquence de ce que les gestionnaires de fortune appellent une gestion passive d’actifs, où le but est d’acheter une partie de toutes les actions cotées pour diminuer les risques. Mais le résultat est le même. La BNS soutien un candidat dans une élection étrangère, tout comme les hackers russes avait soutenu Donald Trump contre Hillary Clinton.

Et ces investissements sont aussi problématiques à d’autres niveaux. La BNS possède environ 0,34% des actions Chevron et Exxon Mobil, deux des cinq entreprises les plus polluantes au monde. Grâce a la BNS, chaque Suisse est maintenant indirectement propriétaire d’une action Exxon Mobil et deux actions Chevron. Sans parler d’Amazon, qui est connu pour l’exploitation de ses employés ou Facebook, qui s’enrichit sur les données de ses utilisateurs.

La BNS a dépensé plus de 94 milliards de dollars dans ces achats d’actions, assez pour financer la Confédération suisse pour plus d’une année avec son budget de 74 milliards de francs suisses. La Banque nationale pourrait par exemple acheter des actions suisses au lieu des actions américaines. Cela augmenterait le nombre de francs suisses en circulation, réduisant ainsi l’effet du franc fort.

Et, en bonus, cette augmentation de la monnaie suisse en circulation pourrait même aussi créer un peu d’inflation, ce que la BNS peine à faire avec sa politique monétaire actuelle. Et ainsi la BNS arrêterait son soutien à Trump en période électorale.

Sources

Securities and Exchanges Commissions, l’organe de contrôle des marchés financiers américains, et le budget 2020 de la Confédération.

A lire aussi: En savoir plus : Actions américaines: les 94 milliards de la BNS

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