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Eclairage: «Le Chili devant une page blanche»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, sportive, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Daniel Droz évoque le vote des Chiliens sur une nouvelle constitution, qui doit permettre de tirer un trait définitif sur l’ère de la dictature de Pinochet.

04 nov. 2020, 17:00
Manifestation de liesse à Santiago du Chili après la victoire du oui à une nouvelle Constitution le 25 octobre dernier.

«Adieu Général!», titre le journal «El Desconcierto». Le 25 octobre dernier, les Chiliens ont plébiscité par 78% le principe d’une nouvelle Constitution. Elle sera élaborée par une assemblée élue en avril prochain. Près de 80% des citoyens en ont décidé ainsi.

Au lendemain du 50e anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Salvador Allende, qui sera renversé trois ans plus tard par un coup d’Etat militaire, mené par le général Augusto Pinochet, ce résultat a été salué comme un exemple de démocratie.

«Le pays va donc en finir avec le texte actuel, qui avait été adopté en 1980 sous la dictature (…) et qui a été le premier au monde à refléter les théories néolibérales», relève le quotidien français «Le Monde». Un modèle «qui a débouché sur la privatisation partielle ou totale de l’éducation, de la santé et des retraites. Un système qui a poussé à l’endettement de la population, précarisant les classes moyennes», renchérit «Libération».

Cette assemblée devra obligatoirement être paritaire.

«Ce vote est empreint d’une symbolique particulière parce qu’il permet l’expression de la volonté populaire sur un sujet aussi fondamental que la Constitution», estime le journal chilien «La Tercera», relayé par «Courrier International». Un événement historique, «fruit d’un grand accord politique conclu à l’automne 2019, alors que le pays vivait des moments critiques et que la démocratie elle-même était en péril».

Un «grand accord politique» entériné sous la pression de la rue, faut-il préciser. L’automne dernier, une protestation contre une hausse du prix des tickets de métro avait débouché sur une flambée de violence. Au printemps est venue s’ajouter la crise sanitaire, «gérée de manière erratique par le gouvernement, et ses conséquences économiques ont mis en évidence les failles du système néolibéral», précise «Le Monde».

Une fois élue, l’assemblée constituante aura un an maximum pour élaborer une nouvelle Constitution. Au début 2022, chaque article devra être approuvé par deux tiers des citoyens lors d’un nouveau vote.

Cette assemblée devra obligatoirement être paritaire, composée par au moins 45% — et maximum 55% — de femmes. «Ce sera le premier pays au monde à rédiger une Constitution de cette façon», se réjouit la politologue Julieta Suarez-Cao.

Le Chili se retrouve devant une page blanche. «Une occasion d’intégrer au nouveau texte une pluralité de perspectives», pour le journal «La Tercera».

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