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Eclairage: «La valeur du Swiss made, à Neuchâtel»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, sportive, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Luc-Olivier Erard se demande jusqu’où aller pour enjoliver les statistiques publiques.

10 juin 2020, 17:30
L'arme secrète de l'économie neuchâteloise: le luxe et la précision.

Luc-Olivier ErardEn exportant pour 125 570 francs par habitant (hors métaux précieux), Neuchâtel a poursuivi en 2019 sa flamboyante contribution à la prospérité de la Suisse.

Révisées cette année pour mieux tenir compte de la localisation des entreprises exportatrices, les statistiques du commerce extérieur produites par l’Administration fédérale des douanes (AFD) sont formelles: Neuchâtel est le deuxième canton le plus exportateur de Suisse derrière Bâle-Ville (324 181 francs). Notre botte pas très secrète: l’industrie.

En expédiant aux quatre coins du globe tout ce qui est petit, précis et fiable, plus des cigarettes et des médicaments, les entreprises du secteur secondaire assurent près d’un emploi sur deux dans le canton. Voilà comment 2% de la population helvétique produisent 10% de la valeur des exportations du pays. Alors que Neuchâtel désespère de voir son tissu économique laminé par l’arrêt du commerce international, il vaut la peine de le rappeler: nous savons fabriquer des trucs.

L’interprétation de la balance commerciale cantonale s’avère hasardeuse.

Le gouvernement neuchâtelois n’a pas raté l’occasion de saluer cette reconnaissance statistique dans un post diffusé sur Facebook. Une note dans laquelle les services de Jean-Nat Karakash, ministre de l’économie, ont cru bon d’inclure la balance commerciale: la différence entre exportations et importations. Un calcul simple, que pourtant l’AFD se garde bien de publier par canton.

A l’échelle cantonale, l’exercice est en effet scabreux: une baisse des importations, causée par une baisse des salaires, davantage de tourisme d’achat ou une délocalisation de la sous-traitance, augmenteraient la balance commerciale tout autant qu’une hausse des exportations. Au contraire, produire localement davantage de biens d’équipement l’affaiblirait. Sans parler des effets des taux de change… L’interprétation de la balance commerciale cantonale s’avère donc hasardeuse.

Le Château ne s’en est pourtant pas privé. En soustrayant aux 22,2 milliards de francs d’exportations 2019 les 5,3 milliards d’importations, il peut attribuer à notre petite république une «contribution de 17 milliards de francs à l’excédent commercial de 37 milliards de la Confédération». Soit plus de 45% de celui-ci. Bigre! Tout le monde ne récolte pas les fruits de la croissance, mais on sait qui a chopé le melon.

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