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Eclairage: «La production de lait pollue plus que les véhicules 4x4»

Des universitaires nous éclairent sur des sujets d’actualité, de société ou de recherche. Aujourd’hui, Alain Naef, économiste et chercheur à l’Université de Californie à Berkeley, évoque l’agriculture et son implication sur l’environnement.

30 sept. 2019, 17:00
"Le problème n’est pas vraiment du ressort des paysans mais de la pollution que produisent les vaches", estime l'universitaire Alain Naef.

Greta Thunberg a récemment approché les dirigeants de ce monde en leur demandant comment ils osaient ignorer la crise climatique, leur laissant le choix entre être ignorants ou simplement malveillants. En Suisse les élections approchent et l’écologie est au centre des préoccupations. Même le président de l’UDC neuchâteloise Walter Willener admet que «le climat est une préoccupation». Le président de l’UDC préfère cependant favoriser les incitations et non les taxes.

En termes d’incitations, la Suisse est actuellement un des nombreux pays qui incite ses citoyens à polluer plus et pourrait réduire cette incitation en renonçant à certains subsides: ceux pour l’agriculture animale.

Pourquoi s’acharner sur nos paysans qui sont déjà la proie de taux de dépression plus élevés que le reste de la population et peinent à trouver une place dans la société actuelle? Le problème n’est pas vraiment du ressort des paysans mais de la pollution que produisent les vaches (et la production animale en général).

La production animalière mondiale est responsable pour 18% de la production de CO2, soit plus que la pollution de tout le secteur des transports réunis (avions, bateaux, voitures, trains…). Nos vaches sont donc une grande partie du problème.

Subventionner le paysan n’est pas le problème principal.

Les citoyens suisses devraient être libres de choisir s’ils veulent boire du lait et manger des steaks, car il s’agit d’une liberté individuelle fondamentale qui ne devrait pas être attaquée. Tout comme les citoyens doivent pouvoir choisir entre conduire un véhicule 4x4 ou un véhicule électrique.

L’Etat ne devrait pas interférer dans ces choix. En finançant le lait de vache et la viande au détriment d’options moins polluantes cependant, la Confédération encourage la pollution. C’est un peu comme si la Confédération offrait un soutien pour les conducteurs de 4x4 au détriment des véhicules électriques. Sauf que la pollution de l’agriculture est beaucoup plus importante pour notre environnement que celle des véhicules 4x4.

Les économistes appellent ces problèmes des externalités. Boire du lait de vache trois à cinq fois par semaine produit 131 kg de gaz à effet de serre annuels alors que la même consommation de lait d’avoine produit seulement 37 kg de gaz à effet de serre. Pourtant la Confédération s’obstine à soutenir l’option qui est trois fois et demie plus polluante. Et les paysans suisses pourraient très bien être subventionnés pour produire plus d’avoine si la Confédération décidait d’aller dans cette direction.

Subventionner les paysans n’est pas le problème principal, le problème est de les subventionner à polluer. Un peu comme si Swiss et Easyjet recevaient des subventions au détriment des trains.

Il serait grand temps que la Confédération considère ces questions en revoyant la politique de subvention à l’agriculture. Ce n’est pas de dire que les paysans suisses n’ont pas un rôle à jouer. Ils sont les garants du paysage suisse, offrent des produits locaux à prix compétitifs et sont un symbole national. Mais pourquoi ne pas simplement payer le prix juste pour le lait (ce que les paysans exigent par ailleurs) et laisser le consommateur décider comment dépenser son argent.

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