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Eclairage: «La mort des insectes menace la survie de l’espèce humaine»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, sportive, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Nicolas Heiniger évoque la possible disparition des insectes.

18 févr. 2019, 16:01
Depuis 30 ans, la biomasse des insectes a diminué de 2,5% chaque année.

Dans 100 ans, soit la durée d’une longue existence humaine, les insectes pourraient avoir disparu. Tous. C’est la conclusion d’un récent article publié dans la revue scientifique «Biological Conservation».

Les auteurs ont décrypté 73 études et leur conclusion est sans appel: plus de 40% des espèces d’insectes sont en déclin et un tiers sont menacées. Depuis 30 ans, leur masse totale diminue de 2,5% chaque année.

En savoir plus : L’article en ligne (anglais)

Principale raison de cette hécatombe, l’agriculture intensive. L’élimination des arbres et arbustes qui, normalement, entourent les champs prive les insectes de leur habitat, indiquent les chercheurs.

Les pesticides de synthèses, extrêmement violents et qui persistent longtemps dans le sol, n’arrangent évidemment rien: «Ils stérilisent le sol en tuant tous les vers», explique au «Guardian» Francisco Sánchez-Bayo, l’un des auteurs de l’étude.

En savoir plus : L’article du «Guardian»

 

Il faut changer très, très rapidement la manière dont nous produisons notre nourriture.

Un monde sans papillons ni bourdons, voilà qui serait triste. Mais le problème n’est pas seulement d’ordre affectif ou esthétique. «Les insectes sont au cœur de tout le réseau alimentaire, ils servent à polliniser une large majorité des espèces de plantes, maintiennent le sol sain, recyclent les nutriments et contiennent les nuisibles», explique au «Guardian» Dave Goulson, entomologiste mondialement reconnu.

La situation est donc grave: «Si la chute des populations d’insectes ne peut pas être stoppée, il en découlera des conséquences catastrophiques, tant pour l’écosystème de la planète que pour la survie de l’espèce humaine», avertit Francisco Sánchez-Bayo. Conjugué au changement climatique, qui provoque des sécheresses persistantes et amplifie encore la mort des insectes, le phénomène pourrait conduire à des famines généralisées.

Il faut donc changer très très rapidement la manière dont nous produisons notre nourriture. Renoncer aux pesticides de synthèse est certes difficile, mais c’est surtout indispensable. Cela passe par un soutien fort aux agriculteurs bio, qui pourront de leur côté partager leur expertise et leur expérience.

Fin janvier, les députés neuchâtelois ont accepté un postulat demandant au canton de prendre des mesures ou de légiférer sur l’interdiction des pesticides de synthèse. La balle est désormais dans le camp du Conseil d’Etat. Espérons qu’il prenne conscience de l’enjeu et qu’il agisse rapidement et sans tergiverser.

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