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Eclairage: «L’hypocrite défense de Mgr Barbarin»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, sportive, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Nicolas Willemin évoque la pédophilie dans l’Eglise catholique.

09 janv. 2019, 17:03
Le cardinal Philippe Barbarin à son arrivée au tribunal.

Si l’Eglise catholique a bien pris conscience ces dernières années des ravages causés par les affaires de pédophilie, il n’en reste pas moins que nombre de ses hauts responsables ont toujours de la peine à admettre qu’ils ont eu des comportements inadmissibles en ne dénonçant pas à la justice civile des prêtres auteurs de ces horreurs.

L’archevêque de Lyon, Philippe Barbarin, affronte cette semaine la justice française, poursuivi pour «non-dénonciation d’agressions sexuelles de mineurs». «Aujourd’hui, nous n’agirions plus comme cela», expliquait-il en août 2017 dans une interview au quotidien «Le Monde», avant d’ajouter, évoquant la lenteur de sa réaction quand il a appris les agissements d’un de ses prêtres: «Moi-même, je réalise aujourd’hui que ma réponse d’alors n’était pas à la mesure de l’enjeu.»

C’est aujourd’hui la grande ligne de défense de plusieurs pontes de l’Eglise: «Il ne faut pas nous juger avec les discours d’aujourd’hui pour des décisions prises dans le contexte de l’époque.» Une ligne de défense très hypocrite.

«Disons-le clairement: les pédophiles ont trouvé au sein de l’Église, qui a pratiqué l’art de la fuite, une structure favorable pour développer leur activité criminelle.» Ces propos sont de l’abbé Pierre Vignon, un prêtre de la région grenobloise qui recueille depuis des années des témoignages de victimes de prêtres pédophiles.

Disons-le clairement: les pédophiles ont trouvé au sein de l’Église, qui a pratiqué l’art de la fuite, une structure favorable pour développer leur activité criminelle.
Pierre Vignon, abbé

«Une structure favorable» qui s’accompagne d’une solide loi de silence, tant au sein de la hiérarchie que pour une majorité des fidèles, dont de nombreux parents de victimes. Ils sont nombreux les enfants qui, ayant confié à leurs parents certains gestes de prêtres, se voyaient simplement répondre: «Tu mens, cesse de faire ton intéressant!»

Des comportements courants jusque dans les années 80, voire 90. Et il n’est pas exclu qu’ils soient encore d’actualité aujourd’hui, en particulier dans certaines familles très engagées dans l’Eglise. Non seulement en France, mais aussi dans nos régions. Ce sont alors parfois de simples rumeurs qui arrivent aux oreilles des autorités ecclésiastiques.

«Une simple rumeur doit-elle donner lieu à un signalement au procureur de la République?», a lancé mardi, à l’occasion du procès Barbarin, un évêque français, ancien responsable du prêtre pédophile. «La rumeur est contraire au registre de la connaissance», ajoute-t-il. Ce qui lui a valu cette réplique de la présidente du tribunal: «Mais la connaissance, ça se cherche.»

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