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Eclairage: «L’Etat doit investir et réguler»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Daniel Droz évoque les manquements de l’Etat britannique en matière de services, privatisés ou non.

10 sept. 2018, 17:01
Propriétaire du réseau ferré, l'Etat britannique n'a pas assez investi pour assurer le développement du rail.

Rail, eau, électricité, gaz, prisons: le Royaume-Uni, depuis le règne de Margaret Thatcher, premier ministre de 1979 à 1990, a fait œuvre de pionnier en matière de libéralisation des secteurs publics. «Le Monde» publie une enquête fouillée à ce sujet. Le bilan n’est pas positif. Tant s’en faut. Si le secteur privé porte une part de responsabilité, les pouvoirs publics n’en sont pas exonérés.

Le tableau n’est pas davantage idyllique en matière de partenariats publics-privés. Ces contrats, qui permettent à une entreprise d’investir dans la construction d’un hôpital ou d’une école, ne sont plus en vogue. Ils s’avèrent extrêmement chers pour les collectivités publiques. Plus de 250 milliards de francs suisses devront être remboursés jusqu’en 2040.

Pire encore: pour certains services – l’aide à la réinsertion des prisonniers, par exemple – «les pouvoirs publics sont obligés de rédiger des contrats prévoyant de nombreux cas de figure et d’éventuelles clauses de sanction», note le quotidien français. «En essayant de créer un marché dans des domaines qui n’en sont pas, l’Etat britannique a dû se lancer dans une sorte de planification socialiste», estime Abby Innes, professeure à la London School of Economics.

Dans ce contexte, les renationalisations ne sont pas un tabou. Plus de trois quarts des Britanniques les plébiscitent. Discrètement, le gouvernement reprend le contrôle de certaines activités. Ici une prison, là une ligne ferroviaire.

Logique, dit le professeur de l’Université d’Oxford Dieter Helm. Dans le secteur de l’eau, les entreprises, toutes privées, ont reversé 95% de leurs bénéfices aux actionnaires et n’ont quasi rien réinvesti, faute de règles en la matière. «Les salaires des patrons s’envolent et les services ne s’améliorent pas…», constate l’universitaire. 

Dans le domaine du rail, l’Etat, propriétaire du réseau ferré, n’a pas investi suffisamment pour que son exploitation soit rentable. Sans amélioration des voies, une hausse du nombre de passagers n’est pas envisageable. Le privé jettera l’éponge, faute de développement possible, le secteur public assumera la facture.

Privé ou public? Peu importe. L’Etat, comme l’écrit «Le Monde», «ne peut pas échapper à sa responsabilité d’investisseur et de régulateur».

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