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Eclairage: "Kosovo - Serbie: dialogue discrètement relancé"

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d'actualité régionale, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd'hui, Daniel Droz évoque la reprise du dialogue entre Belgrade et Pristina pour trouver une issue aux tensions entre la Serbie et le Kosovo.

25 juin 2018, 17:01
En mai dernier, le président serbe Aleksandar Vucic en conversation avec la chancelière allemande Angela Merkel sous les yeux du Kosovar Hashim Thaci.

Alors que la planète entière a les yeux tournés vers la Russie et le ballon rond; qu’à Bruxelles, l’Union européenne s’enlise dans la question des immigrés; qu’en Suisse, l’"affaire" de la célébration des joueurs de football occupe l’espace médiatique, la nouvelle est quasiment passée inaperçue. Et, dans le contexte de la célébration de l’aigle à deux têtes, elle n’est pas anodine.

Dimanche, sous l’égide de Bruxelles, le président serbe Alexsandar Vucic s’est assis à la même table que son homologue kosovar Hashim Thaci, dont il ne reconnaît pourtant ni l’Etat ni l’autorité. L’objectif est d’arriver enfin à une paix négociée et à la reconnaissance par Belgrade du Kosovo. Reconnaissance qui permettrait, à terme, aux deux pays d’entrer dans l’UE.

Personne n’est dupe. Les plaies sont encore ouvertes, les haines ancestrales. Pour faire court, les Serbes, orthodoxes de religion, perçoivent le Kosovo comme le berceau de leur identité depuis leur défaite militaire face aux Ottomans en 1389. C’est à partir de là que la province a été islamisée.

Une situation qui, peu ou prou, perdure jusqu’au sortir de la Première Guerre mondiale. La province passe alors dans le giron des Serbes. Puis, en 1945, dans celui de la Yougoslavie du maréchal Tito.

A partir de 1991, les choses empirent. La guerre civile, exacerbée par les nationalistes, divise la Yougoslavie, qui éclate. A partir de 1998, une fois conclue une paix fragile en Bosnie-Herzégovine, les Serbes décident de mater violemment la rébellion kosovare. L’Occident, redoutant un nouvel embrasement, intervient alors rapidement et abrège le conflit. 

En 1999, le Kosovo est placé sous protection internationale. Il y a dix ans, le pays, moins de 2 millions d’habitants, déclare son indépendance. Aujourd’hui, le bilan est sombre. Le chômage et la corruption sont endémiques. La population, désabusée, aspire davantage à l’exil qu’à la reconstruction. Le pays ne vit que grâce à l’argent de la diaspora.

Le chemin vers une paix durable est encore long. Pour preuve: la semaine dernière, la Grèce et la Macédoine sont enfin parvenues à un accord historique sur le nom de cette dernière. Depuis, les boutefeux de tout poil sont actifs pour le torpiller. Auraient-ils intérêt à ce que les Balkans s’embrasent à nouveau?

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