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Eclairage: «Distorsions électorales»

Des universitaires nous éclairent sur des sujets d’actualité, de société ou de recherche. Aujourd’hui, André Kuhn, professeur de droit à l’Université de Neuchâtel, revient sur les élections fédérales du 20 octobre.

28 oct. 2019, 17:00
Les Verts neuchâtelois montent au Château à Neuchâtel après la publication des résultats des fédérales, le dimanche 20 octobre.

Je suis debout devant mon tableau blanc et j’écris en grand 1 + 1 = 2, puis je change de couleur de feutre pour écrire 5 – 2 = 3. C’est là que je me réveille en sursaut, transpirant, pris de panique… Je réalise tout à coup que 3 est plus grand que 2…

Pourtant, avant de me coucher au soir des dernières élections fédérales, tout le monde disait que les Verts avaient tout raflé, qu’ils étaient les grands gagnants de la journée. Vague verte, voire tsunami écologiste titraient les médias… Mais au petit matin, je me devais de me raisonner… En réalité, les Verts ont perdu… Le tsunami s’est transformé en simple vague, voire en vaguelette.

Dans tous les mondes que je fréquente – soit celui des sciences sociales, celui du sport et même celui du droit – j’ai toujours appris que le gagnant est celui qui a le plus et non celui qui a le moins… N’y aurait-il donc qu’en politique que le perdant se conduit en vainqueur et parade comme s’il avait gagné, conforté en cela par un gagnant qui fait grise mine comme s’il avait perdu? Progresser n’est pas, ma foi, synonyme de gagner. Aucun coureur ne lève les bras en signe de victoire pour la simple raison qu’il vient de dépasser le quatrième…

Où étaient donc les forces du changement qui ont défilé dans la rue?

La réalité des dernières élections fédérales est qu’il existe en Suisse un parti politique qui récolte un quart des suffrages des votants et qui sort dès lors largement vainqueur de ces élections. Et cela reste vrai même si un autre parti accroît un peu sa popularité en devenant le quatrième parti de Suisse.

Il suffit en effet de comparer la composition du Conseil national avant les dernières élections à sa composition depuis pour constater que les différences sont minimes. Mais où étaient donc les forces du changement qui ont défilé dans la rue en faveur du climat au jour de l’élection? Où étaient donc les 55% de personnes qui ont préféré regarder les choses de loin plutôt que de participer à la construction de l’avenir?

L’élection de 2019 a connu le troisième plus mauvais taux de participation de ces 100 dernières années. Seul.e.s les électeurs et électrices de 1995 et de 1999 ont fait moins bien que nous cette année. Quel gâchis! La force d’une démocratie ne réside-t-elle pas dans sa capacité à mobiliser?

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