Après les affaires de pédophilie, d’autres cas d’abus sexuels dans l’Eglise catholique apparaissent désormais au grand jour. Cette fois, il s’agit de religieuses violées par des prêtres, voire même obligées de se prostituer pour procurer des fonds à leur communauté.
Malgré une étouffante loi du silence qui témoigne de pratiques séculaires, la parole commence désormais à se libérer. Plusieurs religieuses ont ainsi osé raconter ce qu’elles ont vécu dans un reportage diffusé la semaine dernière sur la RTS dans Temps Présent et, dans une version complète, sur Arte en début de semaine.
«Ce qu’il montre de complicité, de mensonges, de trahison, de déni, de perversions et de comportements criminels et impunis, est insoutenable», a indiqué ce mardi la Conférence des religieuses et religieux de France.
Les auteurs de ce reportage exceptionnel ne cachent pas que, s’ils ont mis trois ans à le réaliser, c’est que la complexité de ce sujet était particulièrement forte: les victimes ont mis des années à pouvoir mettre des mots sur ce qu’elles ont vécu et leurs bourreaux occupaient souvent des fonctions importantes au sein de l’Eglise.
Parmi ces derniers, le père dominicain Marie-Dominique Philippe a enseigné durant quatre décennies la philosophie à l’Université de Fribourg. C’est lui qui, le premier, a outragé sexuellement la principale témoin du reportage de Temps Présent et d’Arte avant de la «confier» à son frère, un autre dominicain, aumônier de la communauté de l’Arche.
Le père Philippe a créé plusieurs communautés de frères et de sœurs, regroupées sous le nom de la Famille St-Jean. Des communautés ouvertes parfois à des personnes instables et où des dérives sectaires sont rapidement apparues. Des accusations apparues dès les années 1980 avec des premiers témoignages accablants. Plusieurs frères de St-Jean ont par ailleurs été impliqués dans des affaires de pédophilie.
Mais la hiérarchie catholique a tout fait pour camoufler ces vérités. En 2006, à la mort du père Philippe, c’est l’archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, – encore lui! – qui a célébré ses obsèques en grande pompe. En prononçant des mots qui ont glacé le cœur des victimes: «Parfois ce cœur de père a fait confiance, trop confiance à des êtres encore fragiles qu’il aurait fallu écouter davantage, pour un discernement plus juste.» Ou comment transformer un bourreau en victime!