Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Eclairage: «Des liens historiques entre le Haut-Karabakh et l’Europe»

Des universitaires nous éclairent sur des sujets d’actualité, de société ou de recherche. Aujourd’hui, Loïc Chollet, docteur en histoire médiévale à l’Université de Neuchâtel, évoque les rapports historiques entre la région du Haut Karabakh actuellement en conflit et l’Europe occidentale.

02 déc. 2020, 17:00
Le monastère de Dadivank, dans l'enclave du Haut-Karabakh: un lieu cher aux Arméniens.

L’affrontement récent entre Arménie et Azerbaïdjan dans le Haut Karabakh incite à évoquer les rapports historiques entre cette région du monde et l’Europe occidentale. Des liens illustrés par le royaume arménien de Cilicie, disparu en 1375 et dont le dernier monarque est enterré à Paris.

A la fin de l’Antiquité, le royaume d’Arménie s’étend au sud du Caucase, entre l’Empire romain et la Perse. Le roi Tiridate IV convertit l’Arménie au christianisme au début du 4e siècle; il s’agit du premier Etat chrétien de l’histoire. Ce pays, appelé Arménie Majeure, est conquis par les Perses avant de passer sous la suzeraineté du calife de Bagdad.

Entre-temps, une population arménienne s’est installée en Cilicie, région du sud-est de l’Anatolie faisant frontière entre l’Empire byzantin et le monde musulman. Bien que chrétiens, les Arméniens sont considérés comme des hérétiques par Byzance et par Rome.

Lors des croisades, les princes arméniens de Cilicie s’imposent comme des acteurs essentiels du jeu complexe de la région. Le prince Léon s’allie avec les croisés et se fait couronner roi d’Arménie en 1198, moyennant une obéissance formelle au pape. C’est la naissance d’un royaume brillant, où l’importation de la féodalité occidentale n’empêche pas le développement d’une culture propre. Des manuscrits enluminés écrits en alphabet arménien nous sont restés comme témoignages de cette époque.

En 1373, Léon de Lusignan hérite du trône arménien. D’origine française, il mène une politique pro catholique

Pour contrebalancer l’alliance avec l’Europe catholique, le roi Héthoum Ier mise sur les Mongols, qui se sont imposés comme puissance hégémonique au Proche-Orient. Il traverse l’Asie pour aller prêter serment au grand khan, assurant à son pays la protection des héritiers de Gengis Khan. La situation bascule avec l’émergence des Mamelouks, qui écrasent les Mongols et chassent les croisés de Terre sainte.

En 1373, Léon de Lusignan hérite du trône arménien. D’origine française, il mène une politique pro catholique. Or, deux ans après son couronnement, ce qui reste de l’Arménie cilicienne tombe aux mains des Mamelouks. Le roi est emmené au Caire jusqu’au payement d’une rançon. Léon de Lusignan voyage ensuite à travers l’Europe. Il meurt en 1393 sans avoir revu son royaume.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias