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Eclairage: «Des Fab Five helvètes?»

Des universitaires et des spécialistes nous éclairent sur des sujets d’actualité, de société ou de recherche. Aujourd’hui, Malika Pellicioli, réalisatrice, nous présente «Queer Eye», «le divertissement le plus politique» jamais vu ces dernières années selon elle.

29 juin 2020, 17:00
Malika Pellicioli, réalisatrice, nous parle de la nouvelle saison de «Queer Eye», sortie sur Netflix.

La nouvelle saison de «Queer Eye» est sortie sur Netflix. La série a un concept simple: un candidat par épisode, pris en charge par cinq experts gays. Bobby décore les maisons, Antoni partage une recette de cuisine, Tan relooke en fonction du budget des prétendants, Karamo fait pleurer les gens à force d’introspection et Jonathan, mon préféré, est le coiffeur le plus cool au monde. Ils ont une semaine pour faire évoluer leur aspirant.

Les Fab Five, tous beaux, drôles, excessifs et hypercomplémentaires, s’en vont donc dans le Midwest dépoussiérer les conservateurs bornés, les femmes, les célibataires au bord de la faillite, les jeunes gays rejetés par leur famille, les Noirs, les Blancs. Le point commun de tous les participants est la petite fissure au fond de leur cœur, le petit manque de confiance en soi qui fait que l’on n’est pas tout à fait heureux. Ils ont beau être très différents, à la fin de la semaine, tous sont en larmes dans les bras des uns des autres.

Parce que l’être humain est curieux, voire voyeuriste, tous les publics regardent la télé et espérons-le, mettent de l’eau dans leur vin

Dit comme ça, on pense à une téléréalité pour ados attardés. Mais ce divertissement est le plus politique que j’ai vu ces dernières années. Parce qu’à force d’aider ceux qui ne sont pas nécessairement le public cible de l’émission (à savoir la communauté LGBTQIA+ et les millennials), il permet à des racistes ou à des homophobes de changer indirectement leur point de vue. Parce que l’être humain est curieux, voire voyeuriste, tous les publics (du plus conservateur au plus branché) regardent la télé et espérons-le, mettent de l’eau dans leur vin.

A l’heure où, en Suisse, nous parlons du mariage pour tous et de la PMA, je rêve d’adapter cette série sur nos écrans romands! «Queer Eye», c’est un pur «feel good» du vendredi soir après une semaine éreintante. Oui, j’aimerais voir ces histoires-là, avec ce ton-là, à la télévision suisse. «Queer Eye» ouvre les esprits, rend plus tolérant, apprend le lien social.

N’est-ce pas ça aussi, la mission du service public?

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