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Eclairage de Jacques Savoy: «Les femmes sont-elles trop bavardes?»

Des universitaires nous éclairent sur des sujets d’actualité, de société ou de recherche. Aujourd’hui, Jacques Savoy de l’Institut d’informatique de l’Université de Neuchâtel évoque les différences au niveau du langage entre les hommes et les femmes.

17 juin 2020, 17:00
Tant de paroles, sujets, etc... Qu'est-ce qui diffère les hommes et les femmes au niveau du langage?

De nombreuses sociétés humaines possèdent des dictons pour indiquer que les femmes parlent plus que les hommes. Ainsi les Chinois disent que «La parole est l’épée des femmes et elles ne la laissent jamais se rouiller». Est-ce bien le cas? Et peut-on distinguer le langage féminin de celui des hommes?

Les études empiriques ne peuvent ni confirmer ni infirmer les dictons populaires. En général, les femmes ne sont pas plus bavardes que les hommes, et ce serait plutôt l’inverse. Dans des contextes précis, un genre peut dominer le temps de parole. Dans des situations d’information, de prises de décision ou lorsqu’il s’agit de convaincre son auditoire, les hommes parlent plus que les femmes. De plus, la gent masculine coupe plus facilement la parole aux femmes que l’inverse. À l’école les garçons prennent en moyenne plus la parole que les filles. Je laisse les enseignant-e-s vérifier cette conjecture. Par contre, si la conversation a pour objet de maintenir les liens sociaux ou familiaux ou si l’on discute de banalités (par exemple, chez son coiffeur), les femmes parleront davantage.

La différence entre les genres se vérifie aussi dans le contenu des dialogues ou des écrits. A l’aide d’outils informatiques nous avons mené cette analyse sur la base de 338 000 tweets écrits en langue anglaise et en proportion égale entre hommes et femmes.

Les femmes twittent en recourant plus souvent aux pronoms (je/moi, tu, nous/notre), et utilisent plus d’émotions (heureuse, excitée, !!) ou soulignent plus les mots dénotant des liens sociaux (fille, amie, famille, xx – x pour indiquer des bisous). Elles écrivent avec un nombre plus abondant de hashtags (#love) ou d’émojis: «cœurs dans les yeux», «cœur», «bisous» (soit 9 pour mille mots). Les hommes préfèrent les pronoms de la troisième personne (il, ils), indiquent plus de nombres et de négations. Leurs émojis favoris (6 pour mille) diffèrent, avec une préférence pour «mort de rire», «pouce levé», «ballon de foot» ou «verres de bière». A ces éléments stylistiques et sans grande surprise, les thèmes divergent entre les deux genres. Les hommes discutent plus de sports, de jeux ou de technologie (informatique) tandis que les femmes parleront plus de shopping et de marques réputées.

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