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Eclairage: «Au matin de Pâques, la pierre était roulée…»

A quelques heures d’entrer dans le week-end de Pâques, le théologien Pierre Bühler évoque le message qui est transmis dans cette célébration, partage son vœu le plus cher et rappelle que l’humour n’était pas absent.

07 avr. 2020, 17:00
/ Màj. le 08 avr. 2020 à 17:00
Si Pâques rappelle la crucifixion de Jesus, son message se veut aussi une victoire de la vie sur la mort.

Parmi les blagues qui circulent pour égayer notre confinement, il en est une qui s’inscrit bien dans le temps de Pâques: c’est Jésus qui dit: «Comment pouvez-vous supporter le confinement pendant plusieurs semaines? Moi, je n’ai tenu que trois jours!»

Cette plaisanterie m’a interpellé à plus d’un égard. D’abord, elle nous fait réfléchir sur le côté mortifère du confinement. Il y a le risque de voir mourir des petites et moyennes entreprises, le danger de perdre un emploi, de devoir fermer un commerce qui nous faisait vivre.

Dans la tradition chrétienne, c’est le message de Pâques: la mort n’a pas le dernier mot.

Mais au-delà de ces «morts» économiques, il y a d’autres «morts» possibles si cela devait durer: la spontanéité d’une main tendue, la possibilité d’aller à la rencontre d’autrui sans méfiance. Et notre liberté de déplacement et de rassemblement, garantie constitutionnellement, mais soudain placée sous le signe de l’amende, et pour combien de temps?

Il est donc bon de savoir – deuxième interpellation – qu’une issue est à venir, qu’une ouverture est à espérer. Dans la tradition chrétienne, c’est le message de Pâques: la mort n’a pas le dernier mot; de la mort et résurrection de Jésus-Christ jaillit une dynamique de vie qui brise le règne de la mort. Belle image des récits bibliques: au matin de Pâques, la pierre de l’entrée du tombeau était roulée…

Troisièmement: oui, on aimerait bien que des portes s’ouvrent. Mon vœu le plus cher pour Pâques: que les pays d’Europe – et la Suisse – ne tiennent plus et aillent ouvrir les camps de la honte sur les îles grecques et accueillent les quelque 40 000 fugitifs avant qu’ils ne soient décimés par la pandémie.

Enfin, quatrièmement: à la différence de Jésus, nous devrons encore tenir plus que trois jours. Pour cela, il nous faudra de l’endurance, et elle ne doit pas sombrer dans la panique ou la résignation. C’est pourquoi il nous faut conserver le sens de l’humour: il nous donne du recul, de la résistance. N’oublions pas que jadis, dans le culte du matin de Pâques, on fêtait la victoire de la vie sur la mort par un grand rire pascal. Parce que la pierre était roulée…

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