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Eclairage: "Armes: moral ou immoral? Telle est la vraie question, non?"

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d'actualité régionale, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd'hui, Daniel Droz évoque le commerce d'armes et l'assouplissement envisagé en Suisse pour l'exportation de matériel de guerre.

18 juin 2018, 16:01
L'an dernier, le commerce d'armes et de matériel de guerre a généré environ 30 milliards de francs de chiffre d'affaires sur le plan mondial.

Le Conseil fédéral envisage d’assouplir l’ordonnance sur les exportations d’armes et de matériel de guerre.

Première conséquence: même si le gouvernement exclut que des pays ravagés par un conflit interne puissent être fournis, des armes pourraient être vendues à des nations en guerre. Nuance: les demandes d’exportations pourraient passer la rampe sil le risque est faible que ce matériel soit utilisé dans les combats.

Sans surprise, la droite salue une décision favorable à l’économie, la gauche dénonce une trahison de l’histoire humanitaire de la Suisse.

Sur le plan mondial, le commerce d’armes génère un chiffre d’affaires annuel de quelque 30 milliards de francs. C’est moins que les plus 40 milliards consacrés à ce secteur au début des années 1980. Par contre, après une décrue régulière, les chiffres n’ont presque pas cessé d’augmenter depuis 2003. 

Pour la période 2013-2017, les Etats-Unis représentent un tiers de ces ventes. La Russie (22%), la France (6,7%), l’Allemagne (5,8%) et la Chine (5,7%) suivent. Le top 10 de ce classement rassemble 90% du total des exportations. La Suisse n’y figure pas. L’an dernier, les exportations helvétiques se sont montées à 446,8 millions de francs, soit environ 1,5% du total mondial.

Pour justifier un assouplissement des conditions d’exportations, le Conseil fédéral se range aux arguments de l’industrie d’armement. Aux yeux de celle-ci, les restrictions la pénalisent et menacent tant l’emploi que le savoir-faire.

Il est aussi possible de lire autrement les données. Le Moyen-Orient est devenu, avec l’Inde, le principal débouché commercial d’armement. Au cours des dix dernières années, les importations d’armes dans la région ont doublé. Ce qui, malgré des débats sur les droits de l’homme, n’empêche pas les Etats-Unis et l’Europe de rester les principaux fournisseurs de l’Arabie saoudite et de l’Egypte, entre autres. Parallèlement, en Europe, les importations ont diminué de 22% sur la même période.

L’industrie suisse est-elle contrainte de trouver de nouveaux marchés? L’image du marchand d’armes dans l’album de Tintin «L’Oreille cassée», qui vend aux deux camps en guerre, ne reflète-t-elle pas encore et toujours ce commerce? Moral ou immoral? Telle est la vraie question, non?

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