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Eclairage: «'Apeirogon' ou un conflit aux mille facettes»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, sportive, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Daniel Droz évoque «Apeirogon», un livre sur le combat pour la paix de deux pères, l’un Israélien, l’autre Palestinien.

14 déc. 2020, 17:00
13 novembre 2020: manifestation palestinienne contre de nouvelles implantations israéliennes en Cisjordanie.

«Apeirogon» est un polygone à facettes infinies, le titre du dernier roman de Colum McCann aussi. Mille histoires se croisent, se font écho. C’est avant tout une plongée dans le conflit israélo-palestinien.

«Je voulais raconter une histoire qui pût s’adresser à la fois à tous ceux qui ne savent rien du conflit et à des gens qui en comprenaient parfaitement tous les rouages», confie l’auteur au magazine «Marianne».

Deux hommes, bien réels, sont les personnages principaux de ce roman de cette histoire «vraisemblable». Rami Elhanan, ancien soldat israélien, membre de la gauche et fils d’un rescapé des camps, et Bassam Aramin, ex-terroriste palestinien emprisonné sept ans, devenu universitaire spécialiste de l’Holocauste, sont devenus amis.

Ils ont perdu leurs filles à 10 ans d’écart. Smadar, enfant du premier, âgée de 13 ans, a été tuée dans un attentat kamikaze à Jérusalem. Abir, fille du second, 10 ans, a été victime d’une balle perdue israélienne dans les territoires occupés.

Ils ont fait de leur deuil, de leur chagrin, une arme

Rassemblés sous la bannière des Combattants pour la paix, Rami et Bassam parcourent le pays, le monde, pour raconter leur histoire. Ils ont fait de leur deuil, de leur chagrin, une arme. Quitte à s’attirer les foudres de leurs communautés. «Rami entend sans cesse qu’il n’est pas vraiment juif et Bassam est traité de collabo», explique Colum McCann dans «Paris Match». Leur combat est celui de Sisyphe.

La mort violente des deux enfants revient comme un leitmotiv. «Nous revenons toujours à cette première histoire de meurtre, avant même Rani et Bassam, ce sont deux enfants tués qui sont à l’origine de tout», relève le romancier.

La paix, une utopie? «Tous deux vont dans le bon sens de l’Histoire, car, au final, la balance penchera de leur côté. Peut-être pas aujourd’hui ni demain, mais dans 10 ans, 20 ans… D’ailleurs qui aurait pu imaginer qu’il y aurait un jour une ambassade d’Allemagne à Tel Aviv?», poursuit l’auteur.

Aujourd’hui le sort des Palestiniens, lâchés de toutes parts, indiffère. L’Etat israélien est aux mains de «faucons», partisans de l’annexion de larges territoires et opposé à toute concession sur la naissance d’un Etat palestinien. Le livre de Colum McCann laisse poindre une faible lumière au bout d’un long tunnel.

Infos pratiques

«Apeirogon», Colum McCann, éditions Belfond, 514 pages

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