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Dans l'affaire des athlètes russes, "le juridisme pénalise la lutte antidopage"

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, suisse ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd'hui, Julian Cerviño, évoque le Tribunal arbitral du sport et la lutte antidopage.

05 févr. 2018, 14:00
Le Tribunal arbitral du sport a levé la suspension de 28 athlètes russes soupçonnés de dopage.

Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a livré une sentence lourde de conséquences en levant la suspension de 28 athlètes russes jeudi dernier. Tombée juste avant les JO d’hiver, cette décision en forme de désaveu pour le CIO (Comité international olympique) a fait l’effet d’une bombe. Ce 1er février restera comme une journée noire pour l’histoire du sport et la lutte antidopage.

Tout le travail d’enquête effectué par des journalistes, les spécialistes de la lutte antidopage et les membres des commissions du CIO est soudain apparu vain. Certes, tous les sportifs convaincus de dopage n’ont pas obtenu gain de cause. Mais le mal est fait. Si une partie de ces 28 Russes participaient aux épreuves en Corée du Sud, le camouflet serait total. Pour le Neuchâtelois Denis Oswald, président de la commission de discipline du CIO, en particulier.

Sanctions levées mais athlètes pas innocentés

La portée de cette décision du TAS est énorme. Surtout au niveau de la politique du sport. Les juristes spécialisés tentent de nous faire avaler la pilule en ergotant sur des principes juridiques. On parle même de «courage» à propos des arbitres chargés de livrer cette sentence. Ces hommes de loi jouent sur les mots.

Ainsi, si les sanctions de ces athlètes sont levées, ils ne sont pas innocentés pour autant. Comme en justice civile lorsqu’un accusé n’est pas condamné, même si le juge ne le considère pas totalement innocent. Les prévenus sont alors «libérés des accusations portées contre eux» précise un juriste.

Une nouvelle fois, on s’aperçoit que si les nuances sont importantes en droit pénal, elles le sont tout autant en matière de lutte antidopage. Le jugement spécieux du TAS n’échappe pas à cette règle.

Le sport sort perdant

En réalité, les athlètes russes réhabilités seront toujours poursuivis par des soupçons. Mais ils pourront reprendre leurs médailles perdues et, peut-être, participer à nouveau aux JO. Comme d’autres avant eux (le sprinter Gatlin, par exemple).

Au bout du compte, le sport sort perdant dans cette affaire. Et la lutte antidopage surtout. Le juridisme la pénalise clairement. Comme si ce combat n’était pas assez ardu et complexe à mener. On s’en aperçoit encore à travers le nouveau scandale sur les fondeurs.

On est en plein mythe de Sisyphe et les juristes se sentent obligés d’accentuer la pente.

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