Votre publicité ici avec IMPACT_medias

"Consommons avec bonheur l’art contemporain!"

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, suisse ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd'hui, Daniel Droz évoque l'art contemporain.

07 févr. 2018, 16:58
Une exposition de Jeff Koons à Paris en 2014.

Le clitoris géant de Mathias Pfund au milieu d’un giratoire à Neuchâtel et le palmier de Christian Gonzenbach, prévu initialement aux abords de la prison de Gorgier, ont fait polémique dans le canton de Neuchâtel ces derniers mois. Moins récemment, il en a été de même pour les œuvres «Communication» de Patrick Honegger à l’entrée de La Chaux-de-Fonds et «The Winds With Wonder Whist» de Gillian White à La Vue-des-Alpes. 

L’art contemporain ne laisse personne insensible. C’est bien son rôle. Il interpelle, critique et, pour ce qui est d’une grande partie de la population neuchâteloise, interloque. Ceci n’est pas un reproche mais un constat.

Paris est aujourd’hui le théâtre d’une virulente polémique. Elle n’a pas encore saisi l’opinion publique. Les milieux culturels, eux, se déchirent à longueur de tribunes d’opinion dans les quotidiens nationaux. L’objet du «délit»? «Le bouquet de tulipes» de l’artiste américain Jeff Koons. Cette œuvre monumentale est offerte, grâce à des mécènes, par l’ancienne ambassadrice des Etats-Unis à la Ville Lumière. Une main réaliste tenant dix tulipes, haute de 10 mètres et pesant 33 tonnes, se veut un hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015.

Au-delà de la perception que chacun a de l’œuvre de Koons, les milieux culturels se déchirent sur l’emplacement qu’il faut lui accorder, le présupposé impérialisme américain et l’ego de l’artiste. 

«Il donne l’impression de vouloir moins commémorer les victimes du terrorisme que célébrer son œuvre et sa personne», lit-on notamment dans une chronique publiée par «Le Monde». 

L’art ne serait-il devenu qu’une affaire de gros sous, de reconnaissance, de jeux de pouvoir? «L’art n’est pas seulement affaire de sensibilités et de points de vue», écrit le philosophe belge Laurent de Sutter dans «Libération». Et d’estimer que l’art est aujourd’hui d’abord un objet de consommation. Celle-ci «peut se faire sur le mode gourmand du glouton de la même manière que sur le mode précieux du connaisseur, de l’amateur ou de celui qui sait».

Alors, consommons! N’oublions pas néanmoins de sonder l’expert avisé. Même si, comme le décrétait le philosophe allemand Arthur Schopenhauer, «l’art est contemplation des choses, indépendante du principe de raison».

Votre publicité ici avec IMPACT_medias