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Comment s’articulent intégration et discrimination?

Des universitaires nous éclairent sur des sujets d’actualité, de société ou de recherche. Aujourd’hui, Lirim Begzati, juriste, spécialiste en migration et ancien chargé de lutte contre le racisme dans le canton de Neuchâtel, évoque l’intégration et la discrimination raciale.

06 nov. 2019, 17:00
Les actes discriminatoires constituent un obstacle important aux possibilités d’intégration des migrants.

La problématique de la discrimination raciale ne doit en aucun cas être confondue avec la question de l’intégration des migrant·e·s, en dépit du fait que la lutte contre la discrimination raciale et les actions en faveur de l’intégration ne sont pas toujours dissociables et ont tendance à s’influencer mutuellement.

L’importance du phénomène de la discrimination raciale apparaît de plus en plus évidente au travers des analyses et témoignages apportés par divers protagonistes. Ces actes ne concernent pas uniquement le domaine privé. C’est une question de devoir institutionnel de protection de la dignité humaine, d’ordre public.

Les actes discriminatoires, qui prennent comme prétexte le critère racial ou ethnique, sont bien entendu inadmissibles autant sur le plan moral que juridique. Ces actes interrogent également les fondements et les principes suisses de l’intégration; ils constituent un obstacle important aux possibilités d’intégration des migrant·e·s, causant ainsi une entrave à la coexistence et à la cohésion sociale.

Le racisme est un fléau qui n’épargne aucune catégorie sociale.

Les tendances actuelles montrent que les actions visant la prévention du racisme et de la discrimination raciale sont très souvent intégrées dans les prestations des services chargés de l’intégration des migrant·e·s.

En raison de leurs caractéristiques distinctes et singulières, il semble néanmoins judicieux de pencher en faveur d’une démarcation claire entre les prestations visant la promotion de l’intégration des migrant·e·s et les actions en matière de prévention du racisme. Deux arguments peuvent être avancés à l’appui de cette thèse.

En premier lieu, il est opportun de rappeler que le racisme est un fléau qui n’épargne aucune catégorie sociale; l’idée selon laquelle les migrant·e·s sont les principales victimes d’actes à caractère raciste est totalement erronée. En effet, qu’elles soient migrant·e·s ou Suisse·esse·s, des personnes d’origines très diverses peuvent être victimes ou auteur·e·s potentiel·le·s.

En deuxième lieu, l’intégration réussie n’est pas toujours synonyme de mise à l’abri des migrant·e·s face aux pratiques discriminatoires; les migrant·e·s parfaitement intégré·e·s, sont eux et elles aussi parfois exposé·e·s, au racisme et à la discrimination. Ni une intégration réussie ni le passeport suisse ne préservent du racisme.

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