«Je préfère mourir du vaccin que de la pandémie. Avec le Covid, on meurt étouffée, et je déteste cette sensation. Je l’ai été quand j’étais jeune dans la baignoire de la Gestapo, j’en ai gardé un souvenir affreux», confie la femme dans «Libération».

Madeleine Riffaud, 97 ans depuis août dernier, publie une bande dessinée sur sa vie de résistante pendant la Seconde Guerre mondiale. Jean-David Morvan la co-scénarise et Dominique Bertail dessine le tout.

Connue en France pour son travail de reporter en Algérie et au Vietnam, visée par un attentat perpétré par les tenants de l’Algérie française en 1962 – elle y perd l’usage d’une main et sa vue est abîmée –, Madeleine Riffaud a mis davantage de temps à évoquer son engagement contre l’occupant allemand.

En 1994, sous l’insistance de l’ancien résistant Raymond Aubrac, elle accepte de raconter cette période sombre. Elle se rend dans les amphis, sur les plateaux de télé, dans les écoles. «J’ai transmis la mémoire.»

Elle a affûté sa mémoire pour poursuivre la mission

Aujourd’hui, elle évoque donc sa vie sous forme de bande dessinée. Elle l’admet. Elle n’avait pas compris que c’était «un véhicule puissant de l’imaginaire».

«A ma grande surprise, me voilà auteure de bande dessinée. Ma mémoire est toujours là, encore plus précise, je crois. Je l’ai affûtée, pour poursuivre la mission qu’Aubrac m’avait confiée», écrit-elle en préface de l’ouvrage.

De son enfance dans la Somme à son engagement dans la résistance à Paris, en passant par son séjour en sanatorium à cause d’une tuberculose, elle n’occulte rien.

Aujourd’hui, Madeleine Riffaud est âgée de 97 ans. SP

«J’ai toujours cherché la vérité», dit-elle en évoquant sa vie. «J’ai perdu des plumes à ce jeu-là et j’en ressens encore les effets dans mes os brisés.» Elle le referait malgré les horreurs et les humiliations. «Je ne suis pas un symbole. Je ne suis pas une femme extraordinaire. Ce que j’ai fait, des centaines d’autres, des milliers d’autres dans le monde l’on fait», relève Madeleine Riffaud.

La mort est omniprésente dans son récit. «La seule chose extraordinaire dans cette histoire, c’est que je sois encore en vie pour vous la raconter», constate-t-elle lucidement. «Ultra-résistante», titre le quotidien «Libération».

En cette période, où ce dernier qualificatif est souvent galvaudé, elle ne l’usurpe pas.

Infos pratiques

«Madeleine, résistante – La Rose dégoupillée», tome 1, collection «Air libre», éditions Dupuis

A 97 ans, Madeleine Riffaud conte sa résistance

Madeleine Riffaud, aujourd’hui âgée de 97 ans, a résisté à l’occupation allemande. Son parcours fait l’objet d’une bande dessinée. «Résistante», un titre qu’elle n’usurpe pas, relève Daniel Droz.