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Une «Sex Education» indispensable

Un lycéen s’improvise sexologue. Tout ce que vous voulez savoir sur la sexualité des ados d’aujourd’hui sans jamais oser leur demander.

02 avr. 2020, 16:17
Otis (Asa Butterfield) et Maeve (Emma Mackey) en pleine consultation avec Lily (Tanya Reynolds, au centre)

Programmée sur Netflix, la série britannique «Sex Education» a connu un immense succès critique et public à sa sortie en janvier 2019, au point que la big plateforme étasunienne en a aussitôt commandité une deuxième saison – en cours de diffusion – puis une troisième qui est encore en production.

Due à la jeune «show-runner» anglo-australienne Laurie Nunn, cette «dramédie» segmentée en épisodes d’une durée avoisinant les cinquante minutes s’inspire du teen-movie (littéralement film pour ados). Cette expression désigne un genre cinématographique pratiqué dans les années 1980 à Hollywood, avec à la clef des productions un brin potaches et peu porté sur la subtilité en ce qui concerne les rapports entre les hommes et les femmes.

Ici, rien de tel, Laurie Nunn mène un récit choral d’une intelligence rare sur les affres de la découverte du désir sexuel, servi par une troupe de jeunes acteurs·trices remarquables de justesse.

Dans un lycée légèrement américanisé, Otis (Asa Butterfield) est un adolescent plutôt mal dans sa peau, mais qui n’a pas son pareil pour donner de (très bons) conseils en matière de sexe à ses camarades. Il a de qui tenir, car sa mère (Gillian Anderson, exfiltrée de la série «X-Files») exerce le métier de sexothérapeute. Conscient de son don, Otis fait alliance avec Maeve (Emma Mackey), la «bad girl» de sa classe, et ouvre en catimini un service de consultation individuelle payant, dont sa partenaire en affaires gère l’aspect financier…

Un enjeu sociétal majeur

Partant, Nunn tresse de multiples intrigues qui lui permettent de traiter avec une grande délicatesse toutes les problématiques de la sexualité «ici et maintenant» en abordant de façon très concrète toutes ses facettes, qu’elle fait apparaître à juste titre comme un enjeu sociétal majeur de notre époque.

Dévoilant les problèmes intimes de ses protagonistes post-pubères, elle ne fait jamais mystère de leur difficulté à vivre une sexualité épanouie, la faute aux réseaux sociaux intrusifs et à l’accès facilité au spectacle de la pornographie via Internet, avec ce que cela suppose de conditionnement, de malentendus et de fausses pistes.

Parole libératrice

Touchante et très drôle, «Sex Education» accorde à la parole un rôle primordial, souvent libérateur, mais n’écarte pas pour autant les rapports physiques. Ceux-ci sont en effet traités de manière très frontale (d’où la recommandation +16 ans donnée par Netflix), avec à la clef des scènes de sexe assez époustouflantes dans leur manière de faire échec aux stéréotypes dominateurs. A l’exemple de celle, merveilleuse, où deux jeunes filles, dont l’une souffre de vaginisme, atteignent ensemble l’orgasme en se masturbant côte à côte.

Maîtrisant à la perfection l’art de la narration dévolue à la série, Nunn réussit à donner une visibilité subtile à tous les types de sexualité, sans jamais verser dans l’écueil du catalogue ou de la liste de courses. Elle accorde en outre une place de choix aux personnages non blancs et LGBT+, même si certaines féministes, tout en relevant ses qualités, ont estimé à juste titre qu’elle aurait pu encore aller plus loin dans la description critique des clichés discriminant la sexualité des femmes.

 

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