Votre publicité ici avec IMPACT_medias

«Un espace créatif pour se souvenir», le commentaire de Nicolas Willemin

L’idée du Conseil d’Etat neuchâtelois de créer des lieux de mémoire est originale, mais elle doit être bien expliquée. Le commentaire de notre journaliste Nicolas Willemin.

21 juil. 2020, 19:40
Les dizaines de morts neuchâtelois du Covid-19 ne seront pas oubliés.

Si les dizaines de millions de morts de la grippe espagnole de 1918 à travers toute la planète ont été oubliés, largement occultés par les victimes de la Première Guerre mondiale pourtant deux fois moins nombreux, Neuchâtel se souviendra de ses dizaines de citoyens décédés du Covid-19. Ils témoignent, comme l’explique le psychiatre Hugues Paris, «de la fragilité de l’humain, d’une nature que l’on croyait maîtrisée et maîtrisable».

Au-delà de ces disparus, le canton gardera aussi la mémoire d’une période exceptionnelle, où la vie s’est presque arrêtée et où des milliers de Neuchâtelois ont souffert de cette crise sanitaire. Des deuils, des peurs ou des pertes d’emploi qui risquent d’ailleurs de perdurer encore plusieurs mois.

La démarche du Conseil d’Etat de proposer aux communes la mise en place de lieux de mémoire pour garder le souvenir de ces disparus, et plus globalement de cette période douloureuse, est à saluer. Mais elle doit aussi être bien expliquée. Car la première réaction du citoyen de base à ce projet, à l’heure où l’on se demande si une deuxième vague ne va pas nous tomber dessus, sera plutôt de se demander à quoi pourra bien servir ce «machin».

L’histoire a souvent la mémoire courte. Se souvenir des drames d’une telle ampleur, à l’image de ceux que nous avons connus ces derniers mois, permet de repartir sur des bases différentes. «Une catastrophe désigne un bouleversement tel qu’après ne sera plus jamais comme avant», explique Boris Cyrulnik, le psychiatre français qui a popularisé la notion de résilience.

L’originalité de la proposition du Conseil d’Etat réside dans la création d’une œuvre artistique, un récit qui va parler des témoins d’un événement exceptionnel. La douleur est souvent individuelle, mais le réconfort est collectif. Comme la mémoire.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias