Impossible de le nier, je ne me sens pas bien. Physiquement, légère fatigue, mais rien de grave assurément; mentalement, c’est une autre histoire: imaginez, un entraîneur coupé de ses joueurs, cloîtré dans une chambre d’hôtel – cage dorée avec vue sur mer –, pas de communication avec mes assistantes autrement que par téléphone ou vidéoconférence. Les joueurs, soucieux de leur santé, ne veulent plus me voir. Souvent, ils me rendent fou, mais là, ils me manquent.
Frustration, rage, sentiment d’inutilité, de stérilité, d’inefficacité, en un mot de néant! Et quand, devant mon écran, je vois mon équipe en difficulté perdre contre le rival grand frère albanais, je ne peux que m’en référer à Corneille: «Ô rage, ô désespoir! Ô corona ennemi! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie?»
J’exagère, vous l’avez compris. L’entraîneur impuissant crie sa révolte et ses contrariétés; l’homme, dans la septantaine, se doit de relativiser, s’il...