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Ultime lettre à nos aînées et aînés: fin de la série épistolaire

Chaque jour, «ArcInfo», ses partenaires médias et les EMS, vous ont proposé une lettre adressée aux personnes les plus concernées par le Covid-19. Aujourd’hui, Sophie Winteler, rédactrice en chef adjointe, vous écrit la dernière, celle qui clôt cette série épistolaire.

29 mai 2020, 05:30
LettreAinés_SophieWinteler

Neuchâtel, le 29 mai 2020

Chère Marie, cher Arthur,
Chers vous tous,

Marie et tes mèches folles… Tu ne sors jamais sans ton ballon vissé sous le bras. Ta grand-maman te taquinait à ce sujet: «A mon époque, tu crois que je jouais au foot?»  Arthur, toi, tes pensées s’envolent souvent, comme ton cerf-volant. A 10 et 8 ans, vous êtes encore des enfants, mais assez grands pour vous souvenir.

Dans quelques années, d’avoir été confiné sec durant deux mois. Vous vous rappellerez combien vos copines et copains vous ont manqué durant ce drôle de temps suspendu, tout comme vos grands-parents. Cloîtrés également, chez eux ou dans un EMS.

Vous avez d’ailleurs choisi vos couleurs préférées pour leur envoyer des dessins, colorés de vos pensées. Et soufflé de gros baisers à travers des écrans. Et eux? Ils ont essuyé parfois quelques larmes discrètes mais ils gardaient la tête haute. Ils en avaient vu d’autres.

Aujourd’hui, heureusement, on peut les revoir en chair et en os. Mais pendant ces deux mois, pour garder le lien, tous ces aînées et aînés ont reçu des lettres, comme celle-ci, écrites par différentes personnes. Elles leur ont été lues dans les maisons de retraite, mais aussi à la radio. Et à leur tour, ils ont pris la plume afin – écoute Arthur – que «nos pensées volent jusqu’à vous». Que de mots pour transcender ce confinement!

De ces écrits restent de jolies formules. Arthur, Marie, goûtez-les: «Ce virus est là, a fait s’arrêter de vivre l’humanité, mais ce virus ne nous enlèvera jamais les souvenirs à l’intérieur de nous.»

«Ce virus nous enquiquine pour rester un peu poli. Il faut suivre les consignes. On ne peut pas faire comme on veut, se balader seules, marcher seules à l’extérieur. C’est difficile de perdre un bout de liberté.»

«On a vécu la guerre et quand on lit dans la presse qu’il n’y a plus de PQ, on ne peut s’empêcher de sourire. À l’époque, comment faisions-nous? On regardait autour de nous et on prenait ce que l’on trouvait.»

Et cette dernière, juste pour vous: «Des fermetures d’écoles? Pensez bien que lorsque la scarlatine a débarqué, les écoles ont aussi été fermées et regardez là où nous en sommes.»

Marie, Arthur, quand sera venu le temps de raconter votre vie à vos petits-enfants, vous ne leur parlerez sans doute pas de la guerre, mais de la pandémie de 2020, la première, et des étés où la nature crève de soif. Alors retenez une chose: les mots, comme les pommes, se croquent, se savourent et, grâce à leur saveur, façonnent de bien précieux souvenirs.








A lire aussi: toutes les «Lettres à nos aînés»

Ces lettres ont été lues dans l’émission de la RTS «Porte-Plume» diffusée du lundi au vendredi de 11 heures à 11 h 30. Cette opération en partenariat avec «Le Nouvelliste», «Le Quotidien jurassien», «Le Journal du Jura», «La Liberté», «La Côte» et le mensuel «Générations» prend fin vendredi 29 mai.

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