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«Trois semaines… Déjà… Seulement…»: la chronique d’une enseignante neuchâteloise

Deux fois par semaine, Myriam Facchinetti, enseignante d’une classe de 3e Harmos au collège des Parcs à Neuchâtel, nous raconte comment elle garde le contact avec ses élèves et leurs parents.

06 avr. 2020, 17:32
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Aujourd’hui, j’aimerais faire part de ce mal, qui me ronge, de cette petite bête noire qui s’est installée dans mon cœur depuis quelques jours. On l’appelle le vague à l’âme ou l’amertume, selon sa saveur.

Trois semaines que je ne ménage pas mes efforts pour trouver une multitude de solutions, ressources pour réussir à faire mon travail à distance. Les journées sont bien remplies, je vous assure. Une fois que le programme est posé, envoyé, je souffle un peu, mais c’est de courte durée: l’enseignement à la maison, c’est être disponible pratiquement 24h sur 24. C’est recevoir des messages durant ta brève pause de midi, ou tard le soir, quand tu viens de t’écrouler dans ton lit, un bouquin à la main.

Une frange d’irréductibles

Je lis également l’opinion des gens, sur cette école confinée. J’ai mal parfois, car même si une grande partie de la population, enfermée avec ses enfants, se rend finalement compte de l’importance de pouvoir déléguer l’apprentissage pédagogique à des professionnels, il y a toute une frange d’irréductibles qui peste, qui critique, qui maudit et qui grogne.

C’est à toi que je pense en ce moment: toi qui penses que nous bricolons une école au rabais; toi qui es persuadé que certains enseignants feraient mieux de pointer au chômage plutôt que de continuer à donner du travail dans tous les sens; toi qui es certain de maîtriser la situation et de pouvoir faire bien mieux que nous.

En l’espace de 48 heures

Prends ma place un instant, prends celle de mes collègues démunis. Avoir 20 élèves différents, en classe, c’est maîtriser plus ou moins un programme scolaire par des observations pointues et une vigilance constante. C’est pouvoir adapter à la minute les remédiations nécessaires.
Mais faire l’école à la maison, ça ne s’invente pas. Et pourtant, c’est ce que nous avons dû faire, en l’espace de 48 heures. Qu’on soit un passionné d’informatique ou un instit’ de la génération «stencil», nous avons tous dû improviser et faire de notre mieux.

L’école idéale n’existe pas. Ni entre les murs d’un collège, ni au milieu d’une chambre à coucher ou d’un salon. Nous avons tous à apprendre de cette séparation: enseignants, parents et élèves. Il nous faudra du temps pour ajuster nos méthodes, nos attentes et nos besoins.
Et quand nous nous retrouverons, au détour d’une porte d’école, il nous faudra tenir compte des efforts de chacun. Qu’on soit parent, élève ou enseignant, rien ne nous a préparés à vivre cette situation. Communiquons, faisons preuve de bienveillance pour rebondir.

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