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Sida: des progrès compromis par la pandémie de coronavirus

Le nombre décès de décès dus au sida a diminué de 80'000 entre 2018 et 2019. Mais l'épidémie de coronavirus pourrait provoquer un retour en arrière, en raison de l'interruption des services de santé et de lutte contre le VIH.

06 juil. 2020, 16:30
En 2019, quelque 1,7 million de nouvelles infections au virus du sida ont eu lieu dans le monde. (archives)

Le nombre de morts liées au sida a continué de baisser l’an dernier et l’accès aux traitements s’améliore. L’épidémie de Covid-19 risque cependant de mettre ces progrès à mal dans les mois à venir, avertit lundi l’Onusida dans son rapport annuel.

En 2019, 690’000 personnes dans le monde sont mortes de maladies liées au sida, contre 770’000 personnes en 2018. C’est entre deux et trois fois moins qu’au pic de l’épidémie en 2004 (1,7 million de morts).

 

 

De même, la proportion de séropositifs qui ont accès aux traitements antirétroviraux ne cesse d’augmenter année après année. Deux-tiers des séropositifs dans le monde (25,4 millions sur 38) suivent désormais ces traitements, qui permettent de ne plus transmettre le virus du sida s’ils sont pris correctement. C’est la plus haute proportion jamais atteinte, et c’est environ dix fois plus qu’au milieu des années 2000.

Risque de retour en arrière

Mais l’épidémie de Covid-19 risque de provoquer un retour en arrière, craint l’agence de l’ONU dédiée à la lutte contre le sida.

«Selon les estimations d’une récente modélisation, une interruption totale de thérapie antirétrovirale pendant six mois pourrait entraîner plus de 500’000 morts supplémentaires de maladies opportunistes liées au sida (comme la tuberculose) en Afrique subsaharienne en 2020-2021», selon l’Onusida, qui avait déjà attiré l’attention sur ces estimations en mai, avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

«À l’heure où la propagation du nouveau coronavirus menace de submerger les capacités du système de santé, alors que le confinement réduit les déplacements et place l’économie sous tension, les personnes vivant avec le VIH et les plus exposées au risque de le contracter subissent l’interruption des services de santé et de lutte contre le VIH», poursuit le texte.

Inégalités

«Cette interruption pourrait empêcher la riposte mondiale au VIH d’atteindre ses engagements pour 2020», met en garde l’Onusida. Cet objectif est résumé par la formule 90-90-90: que 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, que 90% de ces dernières soient sous traitement, et que parmi celles-ci, 90% aient une charge virale indétectable. En 2019, ces proportions se montaient respectivement à 81%, 82% et 88%, avec des disparités régionales.

En outre, l’Onusida s’alarme des potentielles conséquences du confinement et des fermetures de frontières sur «la production et la distribution des médicaments». «On estime que le coût final des traitements antirétroviraux produits en Inde (où est fabriquée la majeure partie des médicaments génériques, ndlr) pourrait être de 10% à 25% plus élevé que leur prix normal», selon le rapport.

En 2019, quelque 1,7 million de nouvelles infections au virus du sida ont eu lieu dans le monde, soit une baisse de 23% depuis 2010.

Nous n’arriverons pas à atteindre nos objectifs pour 2020.
Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’Onusida

«Cela s’explique en grande partie par une diminution conséquente de 38% dans l’est et le sud de l’Afrique, mais dans le même temps, les infections au VIH ont augmenté de 72% en Europe de l’est et en Asie centrale, de 22% au Moyen-Orient et dans le nord de l’Afrique et de 21% en Amérique latine», souligne la directrice exécutive de l’Onusida, l’Ougandaise Winnie Byanyima.

«Nous n’arriverons pas à atteindre nos objectifs pour 2020, réduire à moins de 500’000 le nombre de morts liés au sida et le nombre de nouvelles infections», déplore-t-elle. Le rapport de l’Onusida est publié alors que s’est ouverte lundi la Conférence internationale sur le sida, organisée cette année à distance et via vidéo à cause de l’épidémie de Covid-19.

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