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Pétition sur les semences: pour l'Ofag, «ces biens ne sont pas absolument nécessaires»

Le député neuchâtelois Laurent Debrot et sa pétition ont passé les 22 000 signatures. Cette dernière demande au Conseil fédéral de revenir sur l’interdiction de vente de plantons et autres fleurs en magasin. L’Office fédéral de l’agriculture n’est pas cet avis.

31 mars 2020, 16:32
L'Office fédéral de l'agriculture n'est pas de l'avis du député neuchâtelois Laurent Debrot.

Les jardiniers amateurs et les horticulteurs font aussi les frais de la pandémie de Covid-19. Avec plus de 22 000 signatures, le député vert neuchâtelois Laurent Debrot demande au Conseil fédéral de revenir sur l’interdiction de vente de plantons et autres fleurs en magasin.

Ces produits devraient être considérés de première nécessité au même titre que les fruits et légumes, affirme l’auteur de la pétition. C’est selon lui un non-sens que les graines ne soient pas considérées comme telles alors qu’on vend des tomates qui viennent d’Espagne et toutes sortes de produits pas importants, déclarait-il cette semaine sur la RTS.

Besoin de première nécessité ou pas?

En ces temps de crise majeure, les magasins qui vendent des semences, des plantes ou des plantons doivent pouvoir le faire au même titre que les magasins d’alimentation ou les pharmacies pour d’autres produits de première nécessité, tout en respectant la protection contre le Covid-19 de leurs employés et de leurs clients, est-il écrit dans la pétition.

«Les semences sont pourtant essentielles au jardinage amateur qui contribuera à l’approvisionnement non négligeable du pays ces prochains mois. Faut-il rappeler que la Suisse est largement tributaire des importations pour couvrir ses besoins alimentaires?», écrit encore Laurent Debrot.

Mais les autorités fédérales ont un autre jugement: l’interdiction, qui vise à réduire la mobilité, se justifie par le fait que ces biens ne sont pas absolument nécessaires pour couvrir les besoins de la vie quotidienne, a indiqué Florie Marion, porte-parole à l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG).

Nous travaillons toute l’année pour préparer ces deux mois qui sont pour nous le moment où toute la marchandise doit sortir des serres.
Bastien Desaules, horticulteur

Acheter des plantons reste possible

Pour l’écologiste neuchâtelois et les quelque 22 000 signataires de sa pétition, jardiner en cette période de crise et de confinement aurait de plus le mérite d’occuper le temps et de détendre les esprits. «Sans en appeler à la mise en place d’un nouveau plan Wahlen», ils demandent aux autorités «d’inviter la population et les communes qui ont des terrains propices au jardinage à les mettre à la disposition des familles qui en auraient l’utilité».

Il reste cependant possible de cultiver son jardin. S’il interdit la vente en magasin, le Conseil fédéral autorise la livraison, sous certaines conditions d’hygiène, de commandes par téléphone et courriels. L’ordonnance fédérale propose aussi aux horticulteurs et autres commerçants l’organisation de points de collecte.

Les commandes sont préparées et placées dans des endroits désignés pour que le client vienne les chercher. Le paiement devrait se faire par carte ou sur facture. Dans les deux cas, l’important est d’éviter les contacts.

Ce que précise l’OFAG, qui souligne qu’il n’est pas interdit de vendre des plantons. Pour l’instant la vente n’est plus possible par les canaux des magasins. Elle est toutefois permise via par exemple les envois et les shop en ligne.

Il est également possible de contacter les spécialistes de la branche et de voir ce qu’ils proposent comme autres solutions créatives. Et Florie Marion de citer notamment la vente à distance ou le dépôt dans la boîte aux lettres.

Crainte de gaspillage

Ces solutions demandent apparemment une certaine organisation que les professionnels n’ont pas eu le temps de prévoir, comme le relève Bastien Desaules, horticulteur. «Acheter par internet n’est pas une solution miracle. Toutes les entreprises ne sont pas équipées, nous avons été pris de court».

Et ce dernier d’ajouter: «Les clients qui aimeraient planter pour avoir une autosuffisance alimentaire ne peuvent pas acheter et nous avons les serres pleines de marchandises sans pouvoir les vendre. Nous travaillons toute l’année pour préparer ces deux mois qui sont pour nous le moment où toute la marchandise doit sortir des serres».

Des soucis partagés par les pétitionnaires. L’interdiction de vente en magasin des plantons qui devraient être mis en terre ces jours, produira un gaspillage démesuré, selon le texte. Il en est de même pour les fleurs coupées et les plantes en pot, ajoutait-il sur les ondes de la radio publique romande.

L’OFAG comprend le besoin de certaines personnes. Toutefois il a été décidé de fermer le canal de vente par les magasins et les marchés après pesée des intérêts, écrit encore la porte-parole, contactée par l’ATS. Il est important de noter que la situation est évaluée chaque jour, ajoute-t-elle.

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