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«Parfois, le matin, ma gorge se serre»: la chronique d’une enseignante neuchâteloise

Tous les lundis et les jeudis, Myriam Facchinetti, enseignante d’une classe de 3e Harmos au collège des Parcs à Neuchâtel, nous raconte comment elle garde le contact avec ses élèves et leurs parents.

23 mars 2020, 18:00
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Le premier grand choc est passé. C’est le moment de lancer un petit regard en arrière sur cette semaine de folie. Elle a été particulièrement riche et intense: il a fallu prendre contact avec tous les parents, distribuer un peu de matériel scolaire «de survie», chercher le meilleur moyen de communiquer tout en respectant les consignes de la direction. Je suis épuisée au moment de vous écrire ces lignes. Épuisée, mais confiante.

Au plus près de leurs besoins

J’ai de très jeunes élèves. En temps normal, en classe, nous travaillons beaucoup par ateliers, pour que je puisse différencier mon enseignement et être au plus près de leurs besoins, qui sont très spécifiques justement. Mais ne plus avoir ses élèves près de soi, c’est ne plus pouvoir s’adapter en temps réel à leurs besoins. Cela demande un certain lâcher-prise, une bonne capacité d’improvisation, afin de ne pas rapidement se sentir impuissante.

Chaque jour, je leur ai envoyé une petite vidéo pour les saluer et leur donner le plan du jour. Un moyen pour moi de rétablir notre petit moment de rituel de classe, quand nous nous regroupons le matin et que justement, nous établissons le programme du jour. Ensuite, je leur ai donné des consignes, par vidéo toujours (mes élèves ne savent pas encore lire, pour la plupart). Il était important pour moi de ne pas les surcharger, mais de leur «donner à manger», car ils ont le droit de poursuivre leur progression. Trouver le juste milieu, voilà quelle a été ma mission la semaine passée.

Beaucoup d’émotion

Certains m’ont posé des questions, par message vocal. D’autres m’ont envoyé des photos de leur travail ou d’eux, à leur table, en train d’apprendre. Cela m’a beaucoup émue. Leur volonté de poursuivre leur progression scolaire, leur détermination à bien accomplir leur tâche dans des conditions inédites et leur énergie alors qu’ils sont seuls face à ce travail scolaire m’épatent et me rendent tellement fière d’eux.

Ils me manquent. Tellement. Parfois, le matin, au moment d’envoyer la vidéo du jour, ma gorge se serre. Je les sais en attente, si proches de moi, mais en même temps éloignés. J’aimerais rire avec eux, j’aimerais voir dans leurs yeux cette étincelle de malice quand ils ont compris la consigne que je leur donne et qu’ils savent qu’ils vont faire une super activité.

Je leur répète chaque jour de prendre soin d’eux, de respecter les consignes de confinement, afin que nous puissions nous revoir très vite. Avoir de la patience. Et surtout garder confiance.

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