«Je suis enchantée. On a l’impression que nous avons droit à un cours particulier. On s’est passé le mot. J’ai une amie à Hauterive, une à Saint-Blaise et une autre à la rue de l’Observatoire qui s’y sont mises. Ça doit cartonner, comme on doit dire aujourd’hui!»
Depuis la semaine passée, Monika de Dardel suit assidûment les cours de gymnastique et de domigym proposés par Pro Senectute et Canal Alpha. Cette Neuchâteloise de 72 ans allume chaque matin son téléviseur pour suivre Fanny Meier et Lucas Gigon, les deux moniteurs de Pro Senectute et animateurs de «Ça bouge à la maison». «Je fais le cours du matin. A 10 heures, c’est une bonne heure. De temps en temps, je guigne voir le cours de l’après-midi. Mais on n’est pas toujours devant la télé!», témoigne la senior.
«Toucher les personnes âgées»
Directeur de Pro Senectute, François Dubois s’est approché il y a deux semaines de la télévision locale «qui a tout de suite suivi». «Nous ne sommes pas les premiers à proposer des cours de gymnastique à la maison. Mais l’enjeu, c’est de toucher les personnes âgées au-delà de la fracture numérique», explique le responsable.
Pour se faire, Lucas Gigon avait rendez-vous jeudi dernier à Delémont avec les caméras de la télévision locale. Durant presque toute la journée, ils ont enchaîné les tournages. Sept cours de 45 minutes de domigym – «de la gym douce pour les gens qui ne sont plus très mobiles» – et sept autres plus poussés ont été tournés à la suite. «Nous avons déjà prévu de faire ceci durant quatre semaines, soit 24 leçons», note Lucas Gigon. «Ensuite, cela dépendra de la crise. Notre objectif, c’est de continuer de fournir une solution pour entretenir la santé des seniors.»
Chaussé de baskets, le moniteur propose des activités avec des objets du quotidien, tels qu’une chaise, un rouleau de papier toilette, un balai ou un rouleau à pâtisserie. «Nous sommes bien conscients que les participants n’ont pas tout le matériel. Il faut imaginer des solutions», explique le responsable sport & mouvement de Pro Senectute. Un rouleau à pâtisserie devient un haltère, la chaise sert de point d’appui.
S’hydrater et sourire
Une difficulté pour lui est de ne pas voir les aînés réaliser les exercices. «Nous devons être le plus clair possible dans nos explications et nos mouvements. On insiste sur ces éléments et on espère que les points-clés puissent être respectés», explique Lucas Gigon.
Qui, à l’écran, n’oublie jamais de demander à ses élèves de boire en suffisance ou de sourire en faisant les exercices. «La situation actuelle n’est pas très positive. Les gens n’ont pas trop le moral mais ils sont conscients de l’importance de l’exercice physique et le fait de voir qu’on se mobilise pour eux leur fait plaisir. Nous avons des premiers retours très positifs.»
Monika de Dardel en tout cas est pleinement satisfaite. «Ces cours devraient continuer au-delà du confinement», estime-t-elle. Si la Neuchâteloise «a beaucoup de chance» de pouvoir profiter d’un jardin et de pouvoir s’y dépenser, elle ne louperait pas son rendez-vous matinal pour autant. «C’est une bonne discipline de continuité. C’est devenu un rendez-vous», conclut-elle.
Lucas Gigon face aux caméras de Canal Alpha. (Photo Christian Galley)