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Le journaliste Nicolas Willemin écrit à nos aînés

Chaque jour, «ArcInfo», ses partenaires médias et les EMS proposent une lettre adressée aux personnes les plus concernées par le Covid-19. Aujourd’hui, le journaliste Nicolas Willemin écrit à ses beaux-parents.

29 avr. 2020, 05:30
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Chers beaux-parents,

Quand nous n’avons plus nos parents ou nos grands-parents, ce qui est désormais mon cas, nous avons encore, parfois, d’autres aînés à entourer, des oncles, des tantes et surtout, des beaux-parents. Et nous avons souvent une relation particulière avec eux.

Nous ne nous sommes pas choisis, mais nous avons souvent, au fil des ans, tissé des liens étroits. Ces derniers sont différents des relations parents-enfants, basés sur une estime réciproque et une certaine liberté de ton qui peut permettre des échanges originaux. D’ailleurs, l’adjectif «beau», utilisé au Moyen-Âge pour ces liens de parenté à la place des suffixes en –âtre comme dans marâtre, est un terme de respect et d’affection.

J’ai aujourd’hui atteint un âge nettement plus élevé que celui que vous aviez quand vous êtes devenus… mes beaux-parents. Mais, tout en ayant des conversations et des échanges très libres, j’ai toujours gardé l’habitude de vous vouvoyer alors que vous m’avez très vite tutoyé. Pour moi, il ne s’agit pas de me distancer, mais c’est plutôt une forme de respect et une liberté de ton. Cela semble peut-être un peu suranné, voire désuet. Mais notre relation reste très étroite.

D’autant plus en cette période où vous êtes invités à rester prudents, donc confinés. Un mode de vie que vous avez adopté volontairement, au vu de la situation sanitaire, avant même que les autorités ne le préconisent.

J’ai admiré votre courage et votre volonté. Vous qui aimez les contacts et l’échange, notamment avec vos petits-enfants, vous devez les limiter à des conversations par téléphone ou à des petits mots sur WhatsApp. Ces discussions sont parfois profondes, parfois plus anecdotiques. Vous nous dites régulièrement que vous allez bien, que vos promenades tôt le matin pour éviter de croiser du monde vous suffisent et que les petits travaux dans le jardin et la maison vous occupent. Et vous êtes surtout attentifs à notre santé.

Nous sommes invités actuellement à saluer les héros du quotidien, dans la santé, les transports, l’approvisionnement. Mais, à nos yeux, vous les beaux-parents, vous êtes aussi nos héros du quotidien, avec tous les aînés. Vous avez du ressort et vous vivez une drôle d’époque. Nous allons pouvoir sortir plus librement mais vous êtes toujours priés de rester à la maison. Et alors que l’on vous dit que les grands-parents peuvent désormais serrer dans leurs bras leurs petits-enfants de moins de dix ans, cela vous fait une belle jambe. Tous vos petits-enfants ont plus de quatorze ans.

Il est donc important de vous dire que l’on vous aime.

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Ces lettres sont lues dans l’émission de la RTS «Porte-Plume» diffusée du lundi au vendredi de 11h à 11h30. Une opération en partenariat avec «Le Nouvelliste», «Le Quotidien jurassien», «Le Journal du Jura», «La Liberté», «La Côte» et le mensuel «Générations».

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