Berne, lundi 6 avril 2020
Chers aînés,
Qui de nous aurait pensé vivre de tels moments? Certainement pas moi. Des termes comme «situation extraordinaire» ou «mobilisation» appartenaient à un passé que nous espérions révolu. Jamais je n’aurais imaginé que le Conseil fédéral doive restreindre des libertés aussi fondamentales que celles de mouvement ou de réunion. Mais nous avons dû nous y résoudre.
Je peux vous assurer que le collège gouvernemental ne prend pas de telles décisions à la légère. Il est conscient des difficultés que vous affrontez, vous, nos aînés. Mais c’est un mal pour un bien. Pour mieux se retrouver, une fois débarrassés de ce fléau.
Quel que soit notre âge, notre origine, notre métier, nous fournissons un effort collectif contre la contagion, contre la surcharge de nos infrastructures de santé. Pour limiter le nombre de victimes. Il y a des malades à soigner, des personnes privées de leurs ressources financières, des parents obligés de bouleverser leur quotidien avec la fermeture des écoles.
Face à la crise, l’Etat doit se montrer fort. Les membres du Conseil fédéral ont chacun un parcours, une sensibilité qui leur sont propres. Ensemble, nous formons une équipe qui s’efforce de prendre des décisions équilibrées et efficaces. D’apporter des réponses à des questions essentielles de santé publique, de libertés individuelles et économiques ou encore de fonctionnement de nos institutions.
Le Conseil fédéral sait que ses décisions ne sont pas que des paragraphes dans une ordonnance, mais une réalité. Je vois bien dans mon entourage ce qu’impliquent nos recommandations pour les personnes de plus de 65 ans. «Rester à la maison» peut signifier se sentir isolé, privé de ses occupations habituelles, avoir peur d’être stigmatisé si on met le nez dehors.
Soyez-en certains, la société ne veut pas rejeter ses aînés. Tout au contraire, nous voulons que vous restiez avec nous. Mais c’est un fait, le coronavirus est impitoyable avec les plus âgés d’entre nous.
Heureusement, on ne compte plus les initiatives solidaires, publiques ou privées, pour que votre isolement temporaire ne se transforme pas en détention. Et les technologies actuelles nous permettent de maintenir des liens, par téléphone ou écran interposé. Cette crise éveille aussi de nouvelles formes de partage, un peu plus virtuelles mais d’autant plus intenses. Mettons toute notre créativité et notre solidarité en œuvre pour faire face, ensemble, à cette crise.
Je vous souhaite force et santé.
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Ces lettres sont lues dans l’émission de la RTS «Porte-Plume» diffusée du lundi au vendredi de 11h à 11h30. Une opération en partenariat avec «Le Nouvelliste», «Le Quotidien jurassien», «Le Journal du Jura», «La Liberté», «La Côte» et le mensuel «Générations»
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