Votre publicité ici avec IMPACT_medias

La chanteuse Sophie Burande écrit à nos aînés

Chaque jour, «ArcInfo», ses partenaires médias et les EMS proposent une lettre adressée aux personnes les plus concernées par le Covid-19. Aujourd’hui, Sophie Burande, chanteuse du groupe Carrousel, s’adresse à ses grands-parents.

27 mai 2020, 05:30
Lettres-aines-Sophie Burande

Courtételle, le 27 mai 2020

Chers grands-parents,

Ce matin, les enfants jouaient devant la maison. Ils ont retourné leur vélo, les roues en l’air. Ils ont sorti leurs petits outils et tout ce qu’ils ont trouvé çà et là pour fabriquer une machine dont je n’ai pas compris tous les rouages, ni la fonctionnalité.

J’étais assise sur les marches de l’escalier, je les observais avec tendresse. À quel moment nous les adultes, nous les parents, avons perdu cette faculté que les enfants ont à s’inventer des histoires? À vivre de grandes aventures dans des mondes imaginaires avec une facilité qui me déroute? À quel moment allons-nous retrouver cette légèreté qui nous permet d’affronter les épreuves les unes après les autres sans difficulté?

C’est alors qu’un «nom d’une pipe!» puissant m’a sortie de mes pensées. Un «nom d’une pipe!» lancé avec force et conviction par Mathieu, contre le sort de la vie qui refuse de faire tenir en équilibre une boule de pétanque en plastique sur une pédale.

Cette expression d’un autre âge dans la bouche de ce petit garçon de cinq ans m’a fait sourire. Un anachronisme à la fois drôle et émouvant. Ce n’était pas Mathieu qui parlait, c’était son grand-papa, le bricoleur qui sait réparer les choses et qui lâche parfois un «nom d’une pipe!» dans le feu de l’action.

Nous avons passé ces dernières semaines loin de vous et je réalise à quel point ce petit virus est faible et minuscule, à côté de la force de l’amour que vos petits-enfants vous portent. Car finalement, quoi qu’il advienne, vous êtes présents dans notre quotidien.

Des exemples comme celui-là, j’en ai tant! Quand je sors une tresse du four et que Damien me fait remarquer que «ça sent la grand-maman». Quand Mathieu me ramène une fleur qu’il vient de cueillir autour de la maison pour me demander son nom. Me voyant désolée de ne pas avoir la réponse, il me dit que «ce n’est pas grave, je demanderai à grand-maman». Aujourd’hui, j’ai le sentiment, au contraire, que c’est grave. Car cette période que nous vivons et qui nous empêche de nous voir me fait réaliser l’importance et la valeur inestimable de la transmission.

Chers grands-parents, nous avons cette chance de vous avoir, vous qui leur offrez tous ces précieux moments. Vous, les grands-parents attentionnés et patients qui leur transmettez les savoirs essentiels, et surtout qui retrouvez avec eux cette légèreté pour inventer des histoires et vivre de grandes aventures dans des mondes imaginaires. Merci pour tout ça.

À très bientôt, vivement.

A lire aussi: toutes les «Lettres à nos aînés»

Ces lettres sont lues dans l’émission de la RTS «Porte-Plume» diffusée du lundi au vendredi de 11 heures à 11 h 30. Une opération en partenariat avec «Le Nouvelliste», «Le Quotidien jurassien», «Le Journal du Jura», «La Liberté», «La Côte» et le mensuel «Générations».

Votre publicité ici avec IMPACT_medias