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«J’ai reçu tellement de témoignages d’amour»: la chronique d’une enseignante neuchâteloise

Myriam Facchinetti, enseignante d’une classe de 3e Harmos au collège des Parcs à Neuchâtel, nous raconte comment elle garde le contact avec ses élèves et leurs parents. L’heure de la rentrée a sonné ce lundi matin. Dans deux semaines, l’école doit reprendre dans les collèges. Un retour à la normale utopique?

27 avr. 2020, 16:00
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Les vacances sont terminées, je vous retrouve avec plaisir aujourd’hui. J’avoue que la phase dynamique et positive que j’ai traversée durant le confinement a peu à peu cédé sa place à une certaine mélancolie en ce début de printemps.

Mes élèves me manquent, indéniablement. J’ai beau mettre en place des stratégies pour garder le lien, pour être à leur écoute et les accompagner, fondamentalement, je n’y arrive pas. Je suis comme amputée de mon énergie, de ce qui compose mon essence et ma force au travail.

«Ils me manquent tellement…»

J’ai reçu tellement de témoignages d’amour ces dernières semaines: Paco* qui m’écrit une longue lettre décrivant son quotidien, Fabio* qui me fait un joli dessin du collège avec la légende «l’école me manque», Jessica* qui m’envoie une vidéo pour me souhaiter de belles vacances. Ils me manquent tellement…

L’école doit reprendre le 11 mai prochain. J’avoue que cela me déstabilise: je me sens coincée entre la joie infinie de retrouver mes petits élèves et la peur de tout ce que ça implique. Un retour à la normale, à effectifs complets, me semble totalement utopique. Outre le fait de ne pas parvenir à contenir de petits enfants qui souvent témoignent de leur affection en se prenant dans les bras et en se donnant de petits bisous, j’ai peur de me sentir impuissante face aux grands rassemblements que représentent les entrées et sorties du collège, ainsi que les récréations.

Presque 400 élèves

Comment imaginer pouvoir appliquer les consignes d’hygiène et de sécurité que l’on nous rabâche à longueur de journée depuis des mois, dans une école fréquentée par presque 400 élèves et 30 enseignants?

Mis à part la crainte de cette promiscuité habituellement convenable mais aujourd’hui inadéquate dans la vie d’un collège, j’ai aussi une volonté de reprendre contact en douceur. Très loin de nous, les enseignants des petits degrés, l’idée de poursuivre le programme scolaire comme si de rien n’était, de tenter à tout prix de gommer les inégalités accentuées durant le confinement.

Notre mission et notre responsabilité, aujourd’hui, c’est de permettre à ces enfants de renouer avec le monde scolaire, de retrouver tout comme nous une certaine stabilité émotionnelle. Comme je l’ai écrit avant les vacances, c’est aujourd’hui que nous pouvons aider à nos élèves à s’en remettre, à retrouver la joie d’apprendre après ces semaines d’isolement social et affectif qui ont marqué nos cœurs. Soyons attentifs et laissons-leur la possibilité de le faire dans les meilleures conditions possible.

*prénoms fictifs

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