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«Cris et rires qui rythment les journées ne sont plus»: la chronique d’une enseignante neuchâteloise

Tous les lundis et les jeudis, Myriam Facchinetti, enseignante d’une classe de 3e Harmos au collège des Parcs à Neuchâtel, nous raconte comment elle garde le contact avec ses élèves et leurs parents.

19 mars 2020, 18:00
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Le 13 mars 2020 à 15h47, date qui restera comme le tournant de ma carrière d’enseignante: toutes les écoles du canton de Neuchâtel ferment leurs portes! C’est sans précédent!

Passé le choc, une question primordiale se détache: comment organiser un enseignement sans la présence de ses élèves? Tout va alors très vite, une cellule de crise et de solidarité s’installe entre les enseignants de toute la Suisse: on cherche à savoir ce qu’il est possible de faire ou pas, on explore les bonnes pratiques, on s’organise par cycles, par collèges, par cantons.

Tout repenser

Très vite, on se rend compte qu’on doit repenser toute la planification, en tenant compte de tous les facteurs: les très jeunes élèves ne savent pas encore manipuler un ordinateur; certaines familles n’ont pas d’ordinateur, pas d’imprimante; la communication avec les parents est parfois difficile, à cause de la langue. Bref: le défi est de taille!

Mais aujourd’hui, on n’entend qu’elle. Juste une fois. Et ça sera son dernier appel.

Le week-end est chargé: création de matériel, de blogs, de parcours numériques en tous genres; préparation de photocopies à distribuer au compte-gouttes. On ne compte plus les e-mails, les informations qui fusent de toutes parts. Nos directions sont au front, les indications sont claires, rapides. Pour nous, c’est très rassurant.

Lundi matin, encore abasourdis par toute cette nouvelle mise en place, nous sommes là, dans les corridors, à 8h15, quand la sonnerie retentit, comme chaque lundi. Elle est assourdissante, cette sonnerie. Parce que d’habitude, dans mon collège, c’est près de 390 petites frimousses qui couvrent son refrain en montant les escaliers et en se répartissant bruyamment dans les corridors. Mais aujourd’hui, on n’entend qu’elle. Juste une fois. Et ça sera son dernier appel.

Solidarité entre nous tous

Les récréations ne sont plus annoncées. La vie s’est arrêtée. Les cris et les rires qui rythment nos journées scolaires ne sont plus. L’âme de notre collège n’est plus. Nos élèves ne sont plus là.

Mais ce qui est né de cette perte, c’est la solidarité entre nous tous, pour revenir aux valeurs de base de l’enseignement. Le numérique, c’est nécessaire en 2020, mais ce méchant virus aura eu le mérite de mettre notre société sur pause et de lui permettre de revenir à l’essentiel: être présent pour voir son enfant grandir.

Nos élèves ont débuté, le lundi 16 mars, leur travail à la maison, soutenus par les enseignants et les parents. Chacun est motivé, déstabilisé par la configuration nouvelle, mais plein d’énergie!

Rendez-vous la semaine prochaine!

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