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Coronavirus: risques mesurés d’une réouverture des écoles

Les écoles rouvriront en Suisse le 11 mai. D'autres pays le feront ces prochains jours. Les experts estiment que les risques encourus pour les enfants sont faibles.

18 avr. 2020, 12:06
Le Danemark est le premier pays européen à avoir rouvert les écoles.

Dans les semaines à venir, la réouverture des écoles marquera la fin du confinement dans plusieurs pays européens. Alors que l’épidémie de Covid-19 semble encore loin d’une décrue générale, les autorités ont dû mesurer le risque à l’aune d’avis d’experts.

Les établissements scolaires rouvriront progressivement, à partir du 11 mai en France et en Suisse, du 4 mai en Allemagne, du 27 avril en Norvège. Dès maintenant au Danemark. Quels sont les risques encourus pour les enfants et enseignants? Quels sont les dangers de dissémination du SARS-Cov-2 au sein des écoles? La reprise des cours risque-t-elle de relancer l’épidémie avant la période estivale?

 

Lorsqu’ils sont annoncés, les décès d’enfants par le coronavirus SARS-CoV-2 frappent l’opinion. Mais ces cas demeurent extrêmement rares. En France on déplore à ce jour deux morts de mineurs liés au Covid-19: une adolescente de 16 ans et un enfant de moins de 10 ans.

A lire aussi : Coronavirus: un plan de déconfinement en trois étapes avec coiffeurs d’abord et écoles ensuite

Enfants peu touchés

Le nombre de cas graves recensés parmi les enfants de moins de 15 ans ne représente que 0,6% du total en France entre le 16 mars et le 12 avril, selon l’agence Santé publique France. L’épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé global à l’Université de Genève, avoue à l’AFP ne pas avoir de réponse au fait que les enfants ont des symptômes légers avec peu d’hospitalisations.

Plusieurs hypothèses sont toutefois avancées, tournant autour de la réponse immunitaire des enfants. Le risque pour les jeunes populations de tomber gravement malade, en fréquentant à nouveau salles de classe et cours de récréation, semble donc faible.

Les données concernant la capacité des enfants, tout en n’étant pas ou peu malade, à transmettre le virus à leur famille ou aux enseignants, sont moins claires. Cela notamment parce qu’il est difficile d’étudier le pouvoir transmetteur de sujets qui ont peu ou pas de symptômes.

La quantité de virus chez l’enfant n’est probablement pas si élevée que ça, moins élevée que chez l’adulte.
Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid-19 qui éclaire le gouvernement français sur l’épidémie

«La quantité de virus chez l’enfant n’est probablement pas si élevée que ça, moins élevée que chez l’adulte», soulignait mercredi le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid-19 qui éclaire le gouvernement français sur l’épidémie. «On manque de données» sur la capacité de transmission du virus entre enfants et des enfants à leur famille, ajoutait-il lors d’une audition parlementaire.

Non-sens

«Contrairement à ce qu’on connaît avec la grippe où les enfants sont les principaux transmetteurs, il semble qu’avec le coronavirus ils excrètent moins de virus», selon le Pr Odile Launay, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital Cochin à Paris. Garder les écoles fermées tout en laissant les adultes retourner au travail serait un non-sens en termes d’organisation familiale et de santé publique, souligne le Pr Flahault.

Le risque, c’est que les enfants soient gardés par leurs grands-parents et on n’a justement pas envie que les grands-parents soient au contact de leurs petits-enfants.
Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé global à l’Université de Genève

«Le risque, c’est que les enfants soient gardés par leurs grands-parents et on n’a justement pas envie que les grands-parents soient au contact de leurs petits-enfants», souligne ce spécialiste de santé publique.

Le dépistage le plus important réalisé à ce jour à l’échelle d’un pays, en Islande, tend à confirmer que les enfants jouent un faible rôle dans la transmission. Dans l’une des campagnes de prélèvement réalisées sur l’île, aucun enfant de moins de 10 ans n’avait été testé positif.

La reprise des cours peut s’accompagner de mesures de «distanciation sociale» et du port de masques pour les enseignants et/ou les élèves, voire de «droit de retrait» pour ceux qui se sentiraient les plus à risque, estime le Pr Flahault. Parallèlement le retour à l’école aura des effets bénéfiques «en matière de nutrition et sur le plan de l’accès à l’enseignement pour les enfants des milieux défavorisés», argumente-t-il.

Risque de réactivation

S’il se vérifie que les enfants sont de faibles disséminateurs de ce virus, ce sont moins les cours de récréation que les sorties d’écoles qui sont à craindre, souligne le pédiatre et infectiologue Robert Cohen. «Les arrivées et les sorties d’écoles sont des moments de rencontres entre adultes. C’est peut-être ça qui joue un rôle dans l’épidémie bien plus que les enfants eux-mêmes», indiquait-il mercredi sur France Info.

Les arrivées et les sorties d’écoles sont des moments de rencontres entre adultes. C’est peut-être ça qui joue un rôle dans l’épidémie bien plus que les enfants eux-mêmes.
Robert Cohen, pédiatre et infectiologue

«Il faut savoir ce qu’on veut. Si on ne rouvre pas les écoles, on ne peut pas laisser les gens retourner au travail. Déconfiner ne veut pas dire qu’on aura zéro cas pendant l’été. On va permettre à la vie sociale et économique de reprendre certains de ses droits et espérer contrôler la situation pour que les hôpitaux ne soient pas engorgés», estime le Pr Flahault.

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