Certains affichent leur soulagement. D’autres, leur crainte d’une stigmatisation. Les clients de différents restaurants du canton de Neuchâtel partageaient cependant un point commun ce lundi 13 septembre: l’extension de l’obligation du certificat Covid-19 ne les a pas laissés indifférents.

«ArcInfo» est allé dîner ce midi dans des établissements publics de La Chaux-de-Fonds et de Neuchâtel afin de prendre la température. Tour d’horizon gustatif.

«Puis-je aller aux toilettes?»

«Oui, je sais: je suis un cas d’école.» Souhaitant se délecter d’une pizza à la Bella Donna sur les hauteurs de la Métropole horlogère, Frédéric Ryser a pu vérifier que le pass sanitaire ne vaut rien sans une pièce d’identité. «J’ai dû la laisser dans la poche d’un autre jean. Ma foi, tant pis. Ce sera pour une autre occasion…» Avant de revenir quelques minutes plus tard, avec une idée en tête: «Au fait, puis-je prendre ma pizza à emporter?»

J’avais mon sandwich dans le sac, au cas où je ne serais pas autorisé à m’asseoir avec mes collègues.

Un client des Brasseurs, à Neuchâtel

Le restaurant des Brasseurs, à Neuchâtel, a également connu ses situations cocasses. Un résident britannique a dû se résoudre à s’asseoir sur la terrasse de l’établissement. Son certificat Covid, issu du Royaume-Uni, n’a pas été reconnu par l’application «COVID Certificate Check». «Puis-je tout de même accéder aux toilettes?», s’interroge-t-il. Contre le port du masque, l’homme a finalement pu aller se soulager.

Les clients, comme ici chez Max et Meuron, au Théâtre du Passage, à Neuchâtel, ont dû montrer patte blanche ce lundi 13 septembre. Photo: Lucas Vuitel

Une «responsabilité sociale»

Quelques tables à côté, ce groupe de sept personnes a «prié afin de bénéficier d’une météo clémente». La raison? L’une d’entre elles n’était pas munie d’un pass. «J’avais mon sandwich dans le sac, au cas où je ne pouvais pas m’asseoir avec mes collègues», explique cette dernière. Le sandwich est resté dans le sac: de soleil, la terrasse en était gorgée.

Il ne me semble pas que ce soit une atteinte à l’honneur que de montrer sa carte d’identité pour une pizza.

Sébastien Chaulmontet, client de la pizzeria Bella Donna, à La Chaux-de-Fonds

Sur celle de la pizzeria chaux-de-fonnière, Sébastien Chaulmontet ne cache pas son bonheur de voir ce sésame être «enfin rendu obligatoire. Les opposants parlent régulièrement de liberté individuelle. Soit. Ils abordent cependant moins la question de la responsabilité sociale», assène-t-il.

«Il ne me semble pas que ce soit une atteinte à l’honneur que de montrer sa carte d’identité pour une pizza. J’ai l’impression qu’il y a un refus exacerbé des règles autour de ce Covid», poursuit-il, avant d’imager son opinion. «Comment font-ils lorsqu’ils voyagent et que certains vaccins sont obligatoires? Ou alors lorsqu’ils montrent leur carte d’identité pour accéder à leur chambre d’hôtel? Là, ça ne leur pose pas de problème.»

«Ce n’est pas juste pour les jeunes», estime ce groupe de clients, aux Brasseurs, à Neuchâtel. Photo: SP

Apeuré ou soulagé?

«Ce n’est pas juste pour les jeunes», estime pour sa part cette cliente des Brasseurs. «Ils viennent à peine de reprendre une vie normale qu’une nouvelle obligation leur tombe sur la tête.» En Suisse, un jeune sur cinq âgé de 10 à 19 ans est pleinement immunisé, selon l’Office fédéral de la santé publique.

Attablée à l’extérieur de la crêperie Poivre et sel, à La Chaux-de-Fonds, en compagnie de trois amies, Victoria Minerba admet «préférer être vaccinée et pouvoir aller au restaurant, plutôt que tout soit fermé».

C’est triste de devoir montrer quelque chose pour obtenir autre chose en retour.

Noémie Dubois, cliente de la crêperie Poivre et sel, à La Chaux-de-Fonds

En face d’elle, Aurore Jaquet est la seule autour de la table à ne pas être munie d’un pass sanitaire. Que fera-t-elle cet hiver, lorsque les terrasses seront fermées? «J’espère que l’obligation de posséder un certificat ne durera pas jusqu’au 24 janvier. Pour le moment, je préfère me faire tester. Mais si cela s’étend, je sauterai le pas de la vaccination.»

«C’est triste de devoir montrer quelque chose pour obtenir autre chose en retour», estime de son côté Noémie Dubois. Coralie Amez-Droz, enfin, craint que cette mesure «augmente les cas de dépression et exacerbe l’isolement de certaines personnes».

«Au contraire, la mise en place de ce pass va en encourager d’autres à reprendre une vie à peu près normale», argumentent deux clientes de la pizzeria Bella Donna. Souhaitant rester anonyme, le duo penche pour «une certaine logique» dans cette obligation de montrer patte blanche. «Les gens ont eu le temps de s’informer et de prendre une décision. A eux d’en assumer les conséquences. Et puis, c’est sympa de revoir enfin le visage des autres clients, même à l’intérieur!»

Coronavirus: les serveurs peuvent être contraints de présenter leur certificat

Dans certains cas, pour protéger les autres employés ou les clients, le certificat Covid peut être imposé au personnel de l’hôtellerie-restauration.