«Suite aux nouvelles mesures de sécurité du Conseil fédéral, nous ne pouvons accueillir que 46 personnes en même temps. Merci de vous adresser à notre personnel à ce sujet. Il est préférable de réserver afin d’avoir une table garantie. N’hésitez pas à prendre vos crêpes à l’emporter. Avec toutes nos excuses.» Ce message, affiché à l’entrée de la crêperie Back & Buck de Neuchâtel, a exprimé l’actualité du week-end pour de nombreux restaurants du canton.
Mais, depuis dimanche soir, la donne a radicalement changé. Dès lundi à 14h, les restaurants resteront fermés jusqu’à nouvel ordre, selon les décisions des autorités neuchâteloises. Ce week-end, nous avons rencontré plusieurs restaurateurs qui tentaient de s’organiser avec les mesures de limitation édictées vendredi. Reportage.
Une mesure adaptée
«On tient le compte de chaque personne qui rentre et sort», expliquait Sébastien Merienne, patron du Cardinal au centre-ville de Neuchâtel. «Vendredi soir, on avait déjà le compte avec nos réservations. On a refusé tellement de personnes qu’on a dû mettre un panneau à l’entrée du restaurant.»
Au café des Halles, Catherine Reichl et son équipe se sont organisées pour recevoir les 40 personnes autorisées: «C’est nous qui avons placé les clients, nous avons laissé une table vide sur deux de manière à respecter les directives en matière de distance entre les clients.»
Idem dans le haut du canton. «Tous les groupes annulent», confiait Pascal Ruedi, de la Fontaine, à La Chaux-de-Fonds. «De toute façon on ne pouvait plus les accepter, avec cette limitation de clientèle, à moins de fermer le restaurant aux autres clients», relevait Jessica Rustico, de l’Ancienne Poste, au Locle.
Au restaurant de la Fontaine, on trouvait la mesure de limitation adaptée même si l’avenir était encore incertain. Photo Muriel Antille
Les tenanciers trouvaient néanmoins la mesure de limitation adaptée. Tous deux ont d’ailleurs constaté que beaucoup de clients ne respectent pas les consignes, continuent à serrer les mains, etc. «Les gens ne mesurent pas l’ampleur du problème», témoignaient-ils.
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Ce qu’ils craignaient s’est réalisé
Quant à l’avenir, celui-ci était encore incertain au moment où nous les rencontrions. Si l’accueil est resté chaleureux envers les clients durant le week-end, la mine de Sébastien Merienne s’est assombrie quand il s’est agi d’expliquer que, dès lundi, le personnel serait mis entre 35 et 50% au chômage technique. Et le patron de la brasserie était en vérité plus sceptique, sinon prémonitoire: «Je ne pense pas que les restaurants vont rester ouverts», a-t-il déclaré.
C’était aussi le sentiment de Pascal Ruedi et Jessica Rustico. Eux aussi envisageaient de mettre leurs employés au chômage partiel, et peut-être total, si une interdiction devait être prononcée. Ce qui s’est donc produit.
«On fermera, l’établissement a les reins solides, même si on préfère plutôt investir avec nos réserves plutôt que faire face à ce type de situation», a-t-on répondu pour le Cardinal. «On fera appel à l’aide proposée par les autorités», a assuré Catherine Reichl.
«Pour nos employés, l’assurance paiera. Mais mon frère Claudio et moi devrons puiser dans nos économies. Nous n’avons pas de quoi tenir très longtemps», s’est en revanche inquiétée Jessica Rustico.
Actualisée dimanche 15.03.2020 à 22:57