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Coronavirus: les appartements traditionnels ne sont pas faits pour y vivre une crise

Nos appartements ne sont pas conçus pour y vivre un confinement. Des experts estiment que les espaces extérieurs ainsi que les locaux pouvant être utilisés pour du co-working ou comme chambre d’amis devront être privilégiés à l’avenir.

09 août 2020, 08:05
A l'avenir, il faudra des appartements flexibles, quasi hybrides, qui pourront être utilisés comme espace de vie et comme bureau.

Les appartements ont subi un test de stress inattendu pendant la crise due au coronavirus. La plupart ne l’ont pas passé, selon les experts. Des zones privées et des espaces extérieurs collectifs sont devenus plus importants lors du semi-confinement et cela devrait rester le cas à l’avenir.

La perception de son propre logement s’est modifiée avec la crise. Le «plan étriqué» de la plupart des appartements et leur répartition classique – petites chambres d’enfant, grande chambre parentale, salon – ont empêché la flexibilité qui aurait été nécessaire durant la crise pour le télétravail ou l’école à domicile, constate Peter Schwehr.

Pour le directeur du centre de compétence Typologie et planification en architecture de la Haute école de Lucerne, la crise est une chance de mener une réflexion sur le bâti.

Appartements hybrides

A l’avenir, il faudra des appartements flexibles, quasi hybrides, qui pourront être utilisés comme espace de vie et comme bureau. Un plan carré avec des pièces hautes, comme dans les années 1870 à 1914, offre par exemple cette flexibilité.

«L’économie immobilière n’a toujours pas su reconnaître les signes du temps. Elle tient à des typologies désuètes, mais rentables, qui ne tiennent pas compte des changements de forme d’habitation et de vie», critique M. Schwehr.

Les personnes qui disposaient d’un jardin, d’un bureau et d’une connexion internet haute vitesse ont été privilégiées pendant le semi-confinement. A l’inverse, les locataires de logements sociaux par exemple étaient pénalisés.

 

 

Plus de partage

Pour que les appartements actuels puissent offrir tout ce qu’il faut en temps de crise, davantage d’espaces extérieurs sont nécessaires, estime M. Schwehr. Cela implique des locaux qui peuvent être utilisés pour du co-working ou comme chambre d’amis par un nombre d’habitants limité.

Plus d’espaces extérieurs n’est pas contraire à une densification de l’habitat, explique M. Schwehr. Le coronavirus a justement montré que l’entraide de voisinage nécessite une certaine densité. Mais l’utilisation d’espaces intermédiaires peut éviter le stress lié à la densité et donner l’impression de disposer de plus d’espace.

Il n’est plus envisageable de densifier sans considérer la qualité. Les projets réussis tiennent compte des espaces extérieurs et du quartier dans son ensemble.
Renate Amstutz, directrice de l’Union suisse des villes

Si la mobilité est réduite, il est d’autant plus important d’avoir des possibilités à proximité permettant des découvertes et de vivre des expériences. L’étalement urbain n’est toutefois pas la solution.

Pour M. Schwehr, il est également absurde d’exiger, comme cela a déjà été fait, que la planification future des espaces tienne compte de la distanciation sociale. Une situation extraordinaire, comme la pandémie, ferait d’un besoin de sécurité une norme. C’est le cas des vilains blocs de béton et bornes installés à la suite de la menace terroriste: ils font aujourd’hui partie du paysage urbain.

Améliorations à apporter

«Le coronavirus a mis en évidence la qualité du non-bâti et provoqué des discussions importantes pour améliorer l’espace extérieur», précise M. Schwehr. Des structures plus denses nécessitent davantage d’espaces intermédiaires et de zones de rencontre et moins de règles pour leur usage.

Plutôt qu’une place centrale, M. Schwehr préconise la création de plusieurs petits espaces, gérés de manière autonome. Les habitants peuvent ainsi mieux se répartir et s’organiser.

Un rapport équilibré entre espaces privés, tels que les balcons, terrasses et jardins, et zones de rencontres publiques est vital, ajoute Urs Heimberg, directeur de la section architecture de la Haute école spécialisée de Berne.

Alors que les espaces privés peuvent sans autre être individualisés, il s’agit d’éviter une utilisation trop unilatérale des espaces publics. Urs Heimberg voit idéalement des places très peu «meublées», à l’instar par exemple de la Piazza del Campo à Sienne, en Toscane.

Architectes sollicités

Les experts sont appelés à faire en sorte que des appartements et espaces extérieurs mieux adaptés à des crises comme le coronavirus soient effectivement réalisés. Le travail sur les espaces libres devient d’ailleurs de plus en plus important dans la formation des architectes, constate M. Heimberg.

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