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Coronavirus: le Covid-19 circulait-il en France dès fin décembre?

Le nouveau coronavirus circulait-il en France dès fin décembre? Cela n'est pas exclu, estiment des experts. Ils suspectent une apparition du virus dans l'hexagone avant les premiers cas officiels annoncés fin janvier.

04 mai 2020, 17:14
Les trois premiers cas identifiés de contamination au Sars-Cov-2 en France datent du 24 janvier. (illustration)

Le nouveau coronavirus serait-il arrivé en France dès fin décembre, comme le suggère une nouvelle étude? Ce ne serait pas surprenant, estiment des experts, qui suspectaient déjà une apparition du virus dans ce pays avant les premiers cas officiels fin janvier.

Les trois premiers cas identifiés de contamination au Sars-Cov-2 en France datent du 24 janvier: un couple de trentenaires chinois originaires de Wuhan, berceau de l'épidémie, et un habitant de la région de Bordeaux, dans le sud-ouest, de retour d'un voyage en Chine.

Cas positif au 27 décembre

Mais le Pr Yves Cohen, chef du service de réanimation des hôpitaux Avicenne et Jean-Verdier en Seine-Saint-Denis, en région parisienne, a annoncé dimanche un cas positif remontant au 27 décembre.

"On a ressorti tous les dossiers de patients hospitalisés en réanimation à Jean-Verdier et Avicenne du 2 décembre au 16 janvier, qui avaient une pneumonie mais une PCR négative", a-t-il expliqué lundi à l'AFP, en référence aux tests alors effectués.

Ces tests avaient été faits pour détecter une éventuelle contamination par la grippe ou par d'autres coronavirus, mais pas par celui qui a causé la pandémie, puisqu'il n'était pas encore connu.

A la lumière de l'épidémie, les prélèvements, congelés, ont cette fois-ci été testés pour le nouveau coronavirus. "Sur les 14 patients, un était positif", a-t-il précisé.

Diffusion "à bas bruit"

Il s'agit d'un homme de 42 ans testé le 27 décembre, selon l'étude parue dans International Journal of Antimicrobial Agents. La preuve que "le Covid-19 se propageait déjà en France fin décembre 2019, un mois avant les premiers cas officiels", écrivent les auteurs.

Selon le Pr Cohen, une hypothèse serait qu'il ait été contaminé par sa femme, elle-même asymptomatique, qui travaille au rayon poissons d'un supermarché "à côté du stand des sushis avec des personnes d'origine asiatique".

Cet homme aujourd'hui guéri serait-il le cas le plus précoce de Covid-19 à ce jour en France? Certains experts attendent une validation des résultats de la nouvelle étude pour se prononcer. Mais cela ne ferait que confirmer ce dont de nombreux scientifiques se doutaient.

"On pouvait le pressentir puisqu'il s'est passé un peu la même chose en Chine: ce virus a la particularité de se diffuser à bas bruit dans la population, sans qu'on en décèle la présence, et dans un deuxième temps il fait des formes cliniques", a expliqué à l'AFP le Pr Olivier Bouchaud, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Avicenne.

Des cas isolés

Ainsi, Pékin a informé l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) d'un foyer de pneumonies d'origine inconnue à Wuhan le 31 décembre. Mais le premier cas remonterait au 8 décembre, selon les autorités sanitaires de Wuhan. Au 1er décembre, selon une étude publiée dans The Lancet.

Les diverses études phylodynamiques - qui analysent les variations génétiques du virus pour recréer son "arbre généalogique" - conduisent aussi à une origine probable de l'épidémie en Chine "en novembre ou décembre 2019", selon Erik Volz, épidémiologiste à l'Imperial College à Londres.

Et pour les grandes villes européennes ou nord-américaines, les études montrent "un début de l'épidémie au plus tôt mi-janvier ou début février", a-t-il indiqué récemment à l'AFP.

Mais "selon moi, il faut distinguer les cas isolés et la vague épidémique", a insisté lundi Samuel Alizon, directeur de recherche au Centre national français de la recherche scientifique (CNRS) à l'université de Montpellier (sud).

"Concernant l'origine de la vague épidémique en France, les données actuelles la situent entre la mi-janvier et le début février", a-t-il expliqué à l'AFP. "Il est toutefois possible que des cas isolés aient été importés avant, donnant potentiellement lieu à des chaînes de transmission qui se sont éteintes", a-t-il noté.

On ne cherche pas le germe précis

Est-ce qu'Anna, Parisienne de 33 ans, pourrait faire partie de ces cas précoces? Le 13 janvier, de retour de Thaïlande, elle tombe malade: "Ça a duré presque trois semaines, j'étais complètement cassée", raconte-t-elle à l'AFP.

Toux, fièvre, mais aussi perte du goût et de l'odorat, symptômes alors inconnus du Covid-19. "On ne saura jamais, je n'ai pas été testée."

"Le virus probablement circulait depuis plus longtemps qu'on pensait en France", estime le Pr Bouchaud. Mais pour autant, "personne n'a jamais rien caché", assure-t-il, notant que souvent, les médecins ne recherchent pas le germe précis responsable d'une pathologie pulmonaire.

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