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Coronavirus: comment protéger les jeunes des fake news?

Sur les réseaux sociaux, les fake news liées au Covid-19 se sont multipliées aussi vite que le virus. Comment protéger les jeunes face à ces fausses informations parfois très angoissantes? Deux spécialistes donnent leurs conseils.

28 avr. 2020, 20:00
Les fake news se sont multipliées aussi vite que le coronavirus depuis le mois de janvier.

«Cinq hélicoptères vont vaporiser du désinfectant au-dessus de la Suisse.» «Des gargarismes d’eau tiède mélangée avec du sel et du vinaigre éliminent le coronavirus.» Ou encore: «Les hôpitaux romands sont débordés, des patients du Chuv s’entassent dans les couloirs.» Ces informations, totalement fausses et rapidement démenties par les autorités, ont pourtant largement circulé sur les réseaux sociaux il y a quelques semaines. 

C’est un constat: les fake news liées au Covid-19 se sont multipliées «de façon exponentielle, comme la courbe de contamination du virus», depuis le mois de janvier, constate Vincent Carlino, post-doctorant à l’Académie du journalisme et des médias de l’Université de Neuchâtel. Objectif de ces informations délibérément erronées: «Manipuler l’opinion publique, faire valoir certains intérêts économiques ou politiques, déstabiliser.»  

Vidéos complotistes sur Youtube

Très présents sur les réseaux sociaux, les jeunes sont particulièrement exposés aux fake news. «Mais nous savons que, grâce au travail de prévention effectué dans les écoles, ils sont plutôt bien armés pour détecter ces fausses informations», indique Vincent Carlino. «Plusieurs études ont d’ailleurs montré que la génération de leurs parents, les 40-50 ans, très présente sur Facebook, contribuait davantage à donner de l’écho aux fake news.»

Sur Instagram, une influenceuse redirigeait ses jeunes abonnés vers des sites obscurs vendant des masques non validés.
Vincent Carlino, spécialiste des médias numériques

Ce qu’on observe, pourtant, c’est que les fake news liées au Covid-19 s’invitent de façon plus sournoise et moins explicite sur les réseaux privilégiés des jeunes, comme Snapchat, Instagram ou Youtube. «Il y a un tas de vidéos complotistes qui circulent sur Youtube», précise Vincent Carlino. «Sur Instagram, une influenceuse redirigeait, par exemple, ses abonnés vers des sites obscurs vendant des masques non validés. Les jeunes sont très vulnérables face à ces influenceurs et peuvent tomber dans le piège lorsque ces fausses informations sont enrobées de codes qui ne sont pas ‘fake’.»

Développer son scepticisme émotionnel

Nathalie Pignard-Cheynel, spécialiste en journalisme numérique, décortique le phénomène des fake news. Photo archives David Marchon

Comment protéger enfants et adolescents face à ces fake news qui reprennent à s’y méprendre les codes des médias traditionnels? «Il s’agit tout d’abord de bien leur expliquer ce monde numérique dans lequel ils circulent. Si tout semble linéaire sur les réseaux sociaux, il y a en réalité une hierarchie en termes d’informations», détaille Nathalie Pignard-Cheynel, spécialiste en journalisme numérique à l’Université de Neuchâtel. 

Les jeunes sont agiles avec le numérique, ils sont capables d’aller eux-mêmes chercher des points de vue.
Nathalie Pignard-Cheynel, enseignante à l’Académie du journalisme et des médias de Neuchâtel

Les parents doivent apprendre aux enfants à développer leur scepticisme émotionnel: «Dès qu’une information suscite une réaction excessivement émotionnelle, comme la peur, la panique, le dégoût ou alors une joie très forte, il faut s’en méfier et ne pas la repartager sur le champ», précise Nathalie Pignard-Cheynel, enseignante à l’Académie du journalisme et des médias. 

Aider au nettoyage

Les jeunes doivent également s’interroger sur la source: «Lorsqu’on n’arrive pas à identifier d’où vient l’information, c’est un signal d’alerte. Les jeunes sont agiles avec le numérique, ils sont capables d’aller eux-mêmes chercher des points de vue. Nous devons valoriser leurs compétences et les encourager à recouper les informations et à les vérifier en consultant les médias officiels.»

Nathalie Pignard-Cheynel souligne aussi l’importance de signaler clairement les informations fausses sur les plateformes: «On aide ainsi au nettoyage.» La spécialiste observe que les adolescents sont souvent fascinés par les théories complotistes, même s’ils savent que c’est «louche ou bizarre: ils peuvent trouver marrant de les partager. Nous devons leur expliquer qu’à chaque fois qu’on propage une fake news, cela peut avoir un véritable impact sur la société.» 

Aujourd’hui, de nombreux médias pratiquent le «fact checking»: ils vérifient les faits et décryptent les nouvelles qui posent problème. «Les journalistes vont de plus en plus vers leur public, ils répondent à leurs questions ou à leurs craintes en décortiquant les informations avec l’aide de spécialistes», constate Vincent Carlino. «Cette tendance est très appréciée des jeunes et lève un peu les inquiétudes qu’ils pourraient avoir.»

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