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Coronavirus: comment les croisières sont devenues des foyers explosifs de Covid-19

Les croisières ont, semblent-ils, tout pour constituer des foyers explosifs de Covid-19. En effet, depuis le début de la pandémie fin 2019, plusieurs bateaux ont cumulés des cas de personnes testées positives au coronavirus.

15 avr. 2020, 08:44
Le Diamond Princess à quai au Japon en février

Pendant plusieurs semaines, des milliers de passagers en vase clos: les croisières ont tout pour constituer des foyers explosifs de Covid-19. Plusieurs cas en témoignent, mais il est difficile de déterminer à quel point le secteur a contribué à la pandémie.

"On a constaté que ces bateaux pouvaient être des incubateurs géants", résumait début mars à l'AFP Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat français aux Affaires étrangères. Depuis l'apparition du nouveau coronavirus en Chine fin 2019, plusieurs navires de croisière sont, de fait, devenus des foyers dans la pandémie dont le bilan vient de dépasser les 120'000 morts.

Lieux de socialisation

Le cas du Diamond Princess, premier à avoir émergé, reste emblématique. Avec presque 4000 personnes à bord, ce bateau est resté en quarantaine tout le mois de février au large des côtes japonaises. Le nombre de cas y a culminé à plus de 700 pour une dizaine de morts confirmées à fin mars.

Le dessein même d'un projet de croisière, c'est de faire rencontrer des gens et augmenter la socialisation
Jean-Pierre Auffray, président de la Société de médecine maritime

D'autres ont suivi, renvoyant systématiquement l'image de gigantesques bombes à retardement refusées par plusieurs ports alors que l'épidémie se propageait à bord. La Floride a ainsi accueilli ces derniers jours, avec plus ou moins de bonne volonté, plusieurs navires frappés par le Covid-19: le Zaandam, le Coral Princess, le Costa Magica...

Ce n'est pas une surprise. Des études documentent régulièrement en quoi les croisières en mer sont des lieux où se diffusent à vitesse accélérée des infections comme les grippes ou les gastro-entérites. "Le risque sanitaire est connu", souligne le docteur Jean-Pierre Auffray, président de la Société de médecine maritime. "Le dessein même d'un projet de croisière, c'est de faire rencontrer des gens et augmenter la socialisation".

Concentration de population

"C'est beaucoup d'animations: des piscines, des spas, des salles de sport, des fêtes, des restaurants... Il y a une concentration de la population et une concentration des activités", détaille-t-il.

Face à ce risque, le secteur a-t-il réagi assez vite? La question a deux faces. D'un côté, en maintenant trop longtemps leur offre, les exploitants auraient mis en danger leurs propres clients, d'autant que leur moyenne d'âge est élevée et que le coronavirus est surtout mortel pour les plus âgés.

Ensuite, ils auraient contribué à diffuser l'épidémie dans le monde, en débarquant des passagers non diagnostiqués, mais porteurs du coronavirus. Parmi les éléments qui appuient l'accusation de désinvolture, la justice floridienne enquête sur l'un des géants du secteur, Norwegian Cruise Line, soupçonné d'avoir vendu des croisières en recourant à des arguments fallacieux.

Arrêt total

Exemple: "le coronavirus ne peut survivre que dans le froid, donc les Caraïbes sont un excellent choix de croisières", rapporte dans un communiqué la justice de l'État américain, citant elle-même un média local, le Miami News Times. Interrogé par l'AFP, Norwegian n'a pas donné suite.

Plus largement, les croisiéristes ont attendu la mi-mars pour arrêter collectivement leurs activités. A ce moment-là, quelque 140'000 cas avaient été confirmés dans le monde, soit une très faible part de la population, mais une propagation exponentielle ne faisait plus de doute.

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