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«ArcInfo»: nouveaux rendez-vous, nouveaux abonnés, mais un modèle à repenser

Notre média n’a jamais été aussi consulté et il a gagné de nombreux abonnés en quelques semaines. Mais la crise du coronavirus met en lumière la fragilité de notre modèle basé sur les abonnements et la publicité.

11 avr. 2020, 06:30
Bayron Schwyn, journaliste d'«ArcInfo», lors d'un reportage le 3 avril dernier avec la protection civile au home des Arbres, à La Chaux-de-Fonds.

269 abonnés de plus en ce mois de mars: on n’avait plus vu cela depuis longtemps chez «ArcInfo». Et nos audiences web sont à l’avenant, avec près d’un million de visites sur notre site ces trente derniers jours.

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Nous n’avons jamais été autant lus. Voilà qui nous motive, et qui fait chaud au cœur, tant cette période est éprouvante pour nos équipes. Il a fallu apprendre à travailler loin les uns des autres, et chambouler notre ligne éditoriale et notre organisation. Toute notre énergie (ou presque) est tournée vers le coronavirus, pour vous informer au mieux, en toute indépendance, et proposer de précieuses respirations.

Solidarité… et crise

En un temps record, nous avons monté de nouveaux rendez-vous. Les lecteurs nous font part de leurs interrogations? Des spécialistes leur répondent. Les initiatives solidaires ont désormais leur espace dédié sur notre site et dans nos pages. Chaque semaine, Olivier Plachta et Jacques Donzé répondent sans tabou sur la situation dans les hôpitaux. Notre «Fait maison» quotidien apporte depuis peu une touche pratique, pour s’organiser avec les enfants, télétravailler, apprendre à vivre confinés sans craquer…

Nous recueillons des témoignages et des récits, avec «3 idées entre 4 murs», la chronique de l’enseignante Myriam Facchinetti, un nouveau concours de nouvelles… Et, bien sûr, la lettre quotidienne aux aînés, une idée née au «Nouvelliste» (qui fait partie, comme «ArcInfo», du groupe de presse romand ESH Médias). A travers elles, nous nous adressons à celles et ceux qui sont les plus touchés par la situation, comme d’autres médias romands. Ces tendres missives sont envoyées aux EMS de la région, où elles sont très appréciées. Certaines sont lues par Manuella Maury dans l’émission «Porte-Plume» de la RTS.

Nous avons choisi très tôt de rendre accessibles gratuitement sur notre site web les infos primordiales pour votre santé et votre vie quotidienne. Chaque jour, nous recevons des messages de soutien, des propositions, des réactions touchantes ou inspirantes…

Nous sommes heureux de vivre ces beaux moments de solidarité. Mais, ne le cachons pas, nous sommes aussi en crise.

Nous avons besoin d’un soutien plus franc des autorités.
Jacques Matthey, directeur général d’«ArcInfo»

«Nous avons perdu 50% de recettes publicitaires en mars, cela devrait monter à 70% en avril et en mai. La publicité représentant 55% de nos revenus, c’est une perte de plus de 35% du chiffre d’affaires sur cette période», résume Jacques Matthey, directeur général d’«ArcInfo».

Pour amortir le choc, «ArcInfo» est passé au chômage partiel, avec un taux moyen de 30% dans tous les services, rédaction comprise. Il a fallu réorganiser les équipes de porteurs pour éviter d’exposer les plus de 65 ans: des tournées ont été rallongées, des remplaçants ont été trouvés. Le journal est livré plus tard chez certains, mais tout est fait pour que ces retards demeurent raisonnables.

Un modèle à repenser

Notre centre d’impression à Monthey est également passé au chômage partiel, à 40%, ayant perdu des commandes de clients extérieurs, des hebdos gratuits qui paraissent moins souvent, voire plus du tout. «C’est un choix sanitaire aussi: nous faisons tourner deux plus petites équipes six jours sur sept d’une semaine à l’autre pour éviter qu’elles se croisent. Nous avons donc dû avancer les délais de bouclage de nos titres, dont ‘ArcInfo’, car en cas de problème, comme une casse papier, nous avons besoin de plus de temps pour réparer», détaille Thierry Dufrenne, son directeur technique.

Ces mesures, nécessaires, ne sont pas suffisantes. «A chaque exemplaire distribué, on perd de l’argent. Le chômage partiel ne compense pas la moitié. Nous pouvons encaisser le choc sur quelques mois. Mais si la reprise est très progressive, avec une économie en crise, ça va être très compliqué», appréhende Jacques Matthey.

Cette inquiétude renvoie globalement au modèle de financement de la presse écrite, qui s’appuie sur deux piliers, abonnés et publicité. «Cela ne suffit plus. On perçoit pendant cette période un fantastique élan par rapport à notre travail. Mais pour continuer à exister, nous avons clairement besoin d’un soutien plus franc des autorités, qui doivent reconnaître la mission de service public des médias écrits.»

Mercredi 8 avril, le Conseil fédéral a refusé le principe d’une aide d’urgence pour les médias, ne souhaitant pas privilégier un secteur par rapport à un autre. Aujourd’hui, «ArcInfo» bénéficie uniquement de tarifs préférentiels pour l’acheminement d’exemplaires par La Poste (une minorité d’abonnements). Un projet d’aide structurelle fédérale plus ambitieuse pourrait être présenté en mai prochain, mais on ne sait pas encore quand elle pourrait être effective.

Les cantons de Vaud et de Fribourg se sont pour leur part engagés à faire paraître dans les journaux locaux des pages entières d’annonces relatives à la pandémie, afin de soutenir ces titres. Une voie à suivre, pour Jacques Matthey: «Pour conserver une presse de qualité, il faut absolument accélérer l’aide fédérale et renforcer notre partenariat à long terme avec le canton et les communes.»

L’info solidaire par l’équipe d’«ArcInfo»
Dans la situation sanitaire hors normes que nous vivons, la rédaction d’«ArcInfo» est mobilisée afin d’accompagner ses lecteurs avec une information précise et fiable. Notre journalisme, professionnel et indépendant, ne bénéficie d’aucune subvention. Nous avons cependant choisi de proposer en libre accès une grande partie de nos contenus touchant aux aspects essentiels et vitaux de cette crise. Plus que jamais en cette période inédite, l’information a une valeur. Elle est produite par nos journalistes et nos photographes avec passion et engagement. Si vous souhaitez nous soutenir, vous trouverez plus d’informations sur nos abonnements en cliquant ici.
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