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Albert Le Vert écrit à nos aînés

Chaque jour, «ArcInfo», ses partenaires médias et les EMS proposent une lettre adressée aux personnes les plus concernées par le Covid-19. Aujourd’hui, Albert le Vert, la marionnette des «Babibouchettes», écrit à Mademoiselle Cassis.

09 mai 2020, 05:30
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Neuchâtel, le 9 mai 2020

Chère Mademoiselle Cassis,

Euh oui, mais alors je dois rappeler que Cassis, ça doit se dire avec le «s» de la fin qui fait «sss». Donc c’est Cassisss et pas du tout cassi, parce que ça doit rimer avec six qui finit par un x qui se dit «sss». Oui, c’est bizarre mais tant pis! Tant pis qui s’écrit aussi avec «s» à la fin, mais qui là ne se prononce pas. C’est dommage mais c’est pas de ma faute.

Chère Mademoiselle Cassis, tous les soirs de la semaine vers 5 heures ou 6 heures, on entendait, «Dingdong, dingdong» et vous basculiez votre magasin tiroir en disant, «Voilà, c’est ouvert!». Le facteur Hyacinthe, qui était arrivé avant vous en faisant «Dringdring, drindring, drindrindrinding, ahlala ça grimpe pour venir jusqu’ici, ah c’que j’ai eu soif, heureusement que j’peux boire du sirop à vélo: du sirop à vélo, c’est rigolo!», donc il était là, dans le tiroir du bout et il disait, «Ah Mademoiselle Cassis, vous tombez bien, et paf!».

«Paf?», répondiez-vous dubitative et légèrement inquiète, parce que oui, comme tout était en place, l’émission allait commencer pour de vrai et personne ne pouvait prévoir ce qui allait arriver, et alors vous, qui aviez en mémoire les aventures passées, vous étiez prête à faire face à toutes les situations. 

On vous a vue sauter dans le kangouroule en marche, éteindre un incendie, amadouer Anasthase, écouter les chansons de circonstance, descendre en kayak les rapides infranchissables de la Versoix, répondre au téléphone, tenir tête à Carlabrosse la sorcière sans balai, comprendre et parler couramment le golek, tenter de mettre en garde le facteur Hyacinthe qui voulait allumer une mèche, nous lire des livres et surtout avoir toujours du sirop en réserve.

Chère Mademoiselle Cassis, l’année prochaine après celle-ci, vous auriez eu 100 ans! Pour un personnage de fiction, ça ne veut absolument rien dire du tout mais, pour celle qui partageait votre voix qu’il vente ou qu’il neige, oui. Surtout, dans ce monde bizarre où il a été décrété qu’à 65 ans on était vieux pour la vie, qu’on était devenu un risque pour tout le monde et que tout le monde était un risque pour nous.

Alors parce que je sais qu’on n’oubliera jamais Mademoiselle Cassis, qu’elle vivra pour toujours dans les tiroirs et les mémoires de toutes celles et de tous ceux qui suivaient les «Babibouchettes», je me dis qu’aujourd’hui, chère Mademoiselle Neige, tu es bien là où tu es, dans tes nuages, à l’abri, où tout est ouvert.

Youhouhou







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Ces lettres sont lues dans l’émission de la RTS «Porte-Plume» diffusée du lundi au vendredi de 11 heures à 11 h 30. Une opération en partenariat avec «Le Nouvelliste», «Le Quotidien jurassien», «Le Journal du Jura», «La Liberté», «La Côte» et le mensuel «Générations».

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