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Auteur de tubes prolifique Pierre Delanoë n'est plus

«Faire sonner les mots en allant à l'essentiel», tel fut le credo pendant près de 60 ans du parolier Pierre Delanoë, décédé d'un arrêt cardiaque tôt hier à son domicile à l'âge de 88 ans. Avec plus de 4000 titres à son répertoire, il a été «l'auteur le plus chanté du XXe siècle», lui a rendu hommage son ami et confrère Claude Lemesle, actuel président du conseil d'administration de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem).

28 déc. 2006, 12:00

Depuis son premier titre «Y'a un pli au tapis du salon» écrit en 1948, en passant par «L'été indien» pour Joe Dassin, «Les lacs du Connemara» pour Michel Sardou ou «Nathalie» pour Gilbert Bécaud, dont il fut quasiment le parolier attitré, Pierre Delanoë avait signé les textes de nombreuses chansons, très souvent devenues des tubes, pour Edith Piaf, Yves Montand, Michel Polnareff, Charles Aznavour, Claude François ou encore Gérard Lenorman.

Une fructueuse collaboration de sept ans avec Joe Dassin que le défunt avait surnommé «l'attachiant»

De son vrai nom Pierre-Charles-Marcel-Napoléon Le Royer, cet ancien inspecteur des impôts né à Paris fut président de la Sacem de 1984 et 1994 et en occupait actuellement le poste de président d'honneur.

C'est en 1973 que Pierre Delanoë débutait avec Claude Lemesle une fructueuse collaboration de sept ans avec Joe Dassin «dont l'exigence artistique était telle» que le défunt l'avait surnommé «l'attachiant»... Ecrites à quatre mains, les chansons devenues intemporelles comme «L'été indien», «Et si tu n'existais pas» ou «Si tu t'appelles Mélancolie» sont nées de cette troïka. Des titres qui vinrent aussitôt en rejoindre bien d'autres au Panthéon de la chanson populaire française.

Contrairement à une idée reçue, Pierre Delanoë revendiquait dans sa façon d'écrire une certaine efficacité, gage selon lui d'un succès populaire, allant jusqu'à souvent reprocher à ses collaborateurs de «trop finasser» et de se «perdre dans les détails», se souvient encore Claude Lemesle, car Pierre Delanoë avait, lui, «le sens de la formule et de l'alternance». Même souvenir pour Georges Moustaki, qui avait écrit avec Delanoë. «Il me reprochait beaucoup ma nonchalance, alors il était un peu véhément et paternaliste mais avec beaucoup d'affection», s'est-il souvenu sur LCI.

Car pour le parolier disparu, les mots avaient «leur propre musique», ce qui faisait de ses textes des chansons quand on y ajoutait une mélodie, ou des poèmes, pouvant tout à fait exister sans être chantés, comme il le prouvait dès 1953 avec «Mes mains», son premier opus pour Gilbert Bécaud qu'il aimait réciter. Un amour de la poésie qui lui permettait par ailleurs d'être récompensé du Grand Prix des poètes en 1997, l'un des trophées que remet chaque année la Sacem depuis 1995.

Mauvais calembours

Pour Gaya Bécaud, fils de Gilbert Bécaud, «c'était quelqu'un de formidablement drôle, qui aimait tout le temps les mauvais calembours, c'était un vrai sanguin... et Gilbert, pareil, mais dans un autre style. Et les deux fonctionnaient bien ensemble parce qu'ils étaient complémentaires», s'est-il souvenu sur RTL.

Alors que Michel Fugain, pour qui Delanoë a notamment signé le texte du tube «Fais comme l'oiseau», estime qu'il a signé des chansons «qui ont stratifié dans le coeur et l'âme d'un peuple entier pendant des décennies», Nicoletta s'est souvenue qu'elle avait d'abord refusé «Il est mort le Soleil» parce qu'elle n'en aimait pas le texte. Delanoë «m'a dit: ?Tu ne changes pas mes métaphores!?. J'ai trouvé ça très, très mignon, il avait raison d'être têtu». Cette chanson est devenue très vite un immense succès, applaudi par Ray Charles en personne...

«Je suis très choqué ayant vu Pierre il n'y a pas très longtemps, je l'avais trouvé un peu fatigué», a confié sur LCI Gérard Lenorman, dont la chanson de Pierre Delanoë «Si j'étais président» avait été récompensée par le prix de l'Union nationale des auteurs compositeurs (Unac) en 1980. «C'est une vie d'homme, d'artiste, la vie d'un grand auteur. La vie l'a beaucoup gâté», a-t-il poursuivi, lui pour qui Delanoë avait aussi signé le texte de «La balade des gens heureux».

«L'homme avait le sens de la formule, du refrain, de ces évidences qui, à force d'être là, finissent par échapper à la plupart et qu'il savait saisir, traduire et rendre à la rue comme on fait un signe de reconnaissance: il avait le sens des gens», a réagi la Sacem en ajoutant: «Il était la chanson faite homme».

«L'ami Pierrot», ainsi qu'on le surnommait aussi en référence au personnage de la chanson, celui qui «prête sa plume pour écrire un mot», avait aussi participé au lancement d'Europe 1 dont il avait assuré la direction des programmes de 1955 à 1960. / RAO-ap

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