Les chercheurs sont parvenus à plonger des volontaires dans un état leur faisant mal situer, un court instant, les frontières de leur propre enveloppe charnelle. Cette expérience, publiée hier dans la revue «Science», prouve qu?il est possible sous certaines conditions de manipuler la conscience qu?ont les êtres humains de leur corps.
Trois chercheurs en neurosciences et un en philosophie, dirigés par le professeur Olaf Blanke, se sont concentrés sur le «moi». En philosophie, ce concept désigne l?instance de la personnalité qui permet de distinguer réalité interne et réalité externe, explique l?Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).
Pour leur expérience, les chercheurs ont créé une représentation numérique en trois dimensions de chaque sujet, projetée dans un casque de réalité virtuelle. Les sujets ont alors été stimulés par un frottement de leur dos pendant une minute, leur alter ego virtuel recevant simultanément le même traitement.
Les volontaires ont ensuite été plongés dans le noir et déplacés dans la salle d?examen avec pour consigne de revenir à leur position initiale. Les sujets se sont tous situés trop près de leur alter ego virtuel. Cela est d?autant plus étonnant que l?être humain a tendance à sous-estimer les distances dans le noir. /ats