En février 2010, Sexion d'assaut avait déjà foulé la scène de la Case à chocs pour défendre un premier album officiel sur le point de sortir. Le groupe parisien faisait alors figure de favori dans la catégorie «renouveau du rap français», statut hérité par son attitude puriste et son potentiel à conquérir le grand public. Depuis «l'Ecole des points vitaux» est devenu triple disque de platine et la Sexion a pris d'assaut les ondes en dégainant quelques tubes imparables. La voie royale semblait dès lors tracée, quitte à préférer les rotations lourdes sur les chaînes musicales à la crédibilité de ruelle. Pourtant, en passe de devenir les rappeurs préférés des filles de bonnes familles et de leurs mères, Sexion d'assaut dérape lors d'une interview en revendiquant et prétendant assumer son homophobie. S'ensuit une série de concerts annulés, des explications aussi maladroites que guère convaincantes et des excuses. L'été du tube «Désolé» passé et la réhabilitation réussie, que peut-on attendre samedi du concert de Sexion d'Assaut? Si «l'Ecole des points vitaux» s'est bien vendu, il n'a pas convaincu les amateurs de rimes tranchantes qui n'ont pas manqué de relevé une production un peu racoleuse et pas toujours inspirée. Polémistes refoulés et connotés, les Parisiens voient les portes du rap conscient se fermer devant eux. Les médias prescripteurs prêtant une oreille aussi rare que critique au rap qui fait l'éloge de la rue, de ses codes et de la violence, Sexion d'assaut doit naviguer entre les thèmes généraux et éviter une nouvelle erreur de jeunesse. Si la qualité des textes s'avère par moment discutable, ces huit rappeurs ne manquent ni de talent ni de technique, peut-être uniquement d'un brin de maturité. Un nouvel album en préparation devrait les aiguiller vers la sagesse. / vdt
Neuchâtel: Case à chocs, samedi 8 octobre; ouverture portes 20h, concerts 21h30.