Les voies du Seigneur sont impénétrables, prêche le révérend Walter Goodfellow pendant que son épouse trompe son ennui en batifolant avec son prof de golf, un play-boy américain sur le retour. C'est dire si elle s'ennuie. Dans cette petite paroisse où résonnent, piquant décalage, des dialogues assez lestes, la fille du couple renouvelle son boyfriend à chaque breakfast et le fiston se fait tabasser par les voyous du collège.
A quoi rime le prologue macabre de «Secrets de famille» («Keeping Mum»), ce double crime commis par une blonde jeune femme à qui l'on aurait donné le Bon Dieu sans confession? Une malle apporte un début de réponse, Grace, la gouvernante à qui elle appartient, assénera le coup de grâce (on nous pardonnera le jeu de mots, le film lui-même se l'autorise)...
Le cinéaste Niall Johnson inscrit son film dans la lignée de ces comédies grinçantes (d'«Arsenic et vieilles dentelles» à «The Ladykillers») où l'on frissonne d'aise plus que d'effroi à chaque meurtre. Il flirte avec le cynisme et l'ironie sans abolir tout ordre moral, puisque le crime se met délicieusement au service du bonheur conjugal et familial. Le rythme un peu mollasson ne gâche pas - trop - le plaisir. D'autant que Maggie Smith, Kristin Scott Thomas et Rowan Atkison sont là pour pallier les manques. / DBO
Les Chaux-de-Fonds, Corso; 1h42