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Un Romand à Morges

Rendez-vous incontournable de la rentrée littéraire suisse, le Livre sur les quais accueille notamment Roland Buti. Interview autour de la future rencontre à Morges.

02 sept. 2019, 19:16
Roland Buti

Sous la présidence d’Amélie Nothomb et de Philippe Forest, le Livre sur les quais retrouve ses Croisières littéraires et ses Grands Débats pour la dixième fois. L’un des nombreux auteurs invités, le Lausannois Roland Buti sera présent pour des dédicaces, une discussion autour de l’adaptation d’un précédent roman, «Le Milieu de l’horizon», au cinéma cet automne, et une autre autour de la famille. Son dernier livre, «Grand National», raconte la rencontre de Carlo et de son employé venu du Kosovo, et sa découverte du passé inconnu de sa mère.

Qu’est-ce que cela signifie pour vous être un écrivain suisse?

J’aime les livres qui sont ancrés dans une réalité. Si je lis un roman américain, j’aime sentir l’Amérique. Si je me plonge dans un roman japonais, j’ai l’impression – sûrement très subjective – de comprendre un peu le Japon. La littérature vient toujours d’un moment et d’un lieu. A cet égard, un écrivain suisse est, de mon point de vue, avant tout un écrivain suisse alémanique, suisse italien ou suisse romand.

Comment est né votre nouveau roman «Grand National»?

Il y a dans cette histoire pas mal d’éléments de l’histoire familiale. C’est le point de départ. J’avais ensuite envie de traiter de trois thèmes différents: les rêves de jardins (je suis frappé de la vogue actuelle pour ces espaces clos) à une époque où la terre, la nature sont en péril. «Grand National» est aussi un livre qui parle des étrangers en Suisse, mais aussi de comment un être proche peut devenir un étranger. Enfin, il y a les objets qui nous entourent, qui nous encombrent au point de participer au sentiment de notre finitude. Mais c’est avant tout le plaisir de raconter une histoire en tressant tous ces éléments.

Et vos personnages?

Je m’inspire absolument de personnes de mon entourage. Je considère qu’essayer de créer des êtres de papier qui ressemblent à la vie est, en écrivant, ce qu’il y a de plus intéressant. 

Qu’est-ce qui vous tient à cœur lorsque vous écrivez?

La composition! Il y a les mots, les images qui sont autant de scènes. Mais le plaisir consiste à organiser la matière pour que cela fasse sens (avec des échos, des liens discrets, des motifs qui se répètent) et finisse par devenir une histoire qui ressemble à la vie. Le résultat devrait avoir la force de l’évidence pour emporter le lecteur… Mais il s’agit aussi de laisser suffisamment de place à son imagination en n’expliquant pas tout.  

Même lorsque vous parlez de sujets douloureux, il me semble que votre écriture garde une certaine retenue. Qu’en pensez-vous?

Je pense que ce sentiment de distance découle de mon point de vue dans lequel entrent toujours un peu de tendresse et d’humour. D’autre part, je suis plutôt un adepte de l’économie des moyens. En me relisant, je suis toujours en chasse de la phrase inutile, de l’adjectif en trop.

Vous serez présent au Livre sur les quais. De quoi vous réjouissez-vous?

Je me réjouis de rencontrer des lecteurs.

Et que redoutez-vous?

De ne pas rencontrer de lecteurs… On a souvent de grands moments de solitude dans ce genre de manifestation.

Vous y parlerez de l’adaptation de votre roman «Le Milieu de l’horizon» au cinéma. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors de cette expérience?

J’ai adoré assister pendant deux jours au tournage. Voir une scène imaginée dans sa tête devenir concrète, jouée par des comédiens est une expérience rare et extraordinaire. La complexité d’un tournage est invraisemblable: le son, les costumes, l’image, etc. C’est beaucoup plus facile d’être assis seul à sa table de travail pour écrire! J’ai eu l’impression d’assister sur le plateau à un ballet où chacun faisait exactement les gestes qu’il devait faire. Et, pour finir, il y a la force des images. Je dois dire que maintenant, quand je dois penser à mon livre, certaines s’imposent à moi. Gus, le personnage central joué par Luc Bruchez, excellent, est par exemple devenu «mon Gus».
 


«Grand National»
Roland Buti, Ed. Zoé, 160 p.
 

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