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«Sait-on encore pourquoi il y a un dimanche dans la semaine?»

La question se veut provocatrice: à quand un Christ en chocolat? Autrement dit, que reste-il de chrétien dans la fête de Pâques? Une femme d'Eglise commente cette méconnaissance grandissante, «alors que c'est une partie de nos racines, de notre culture.» S'il s'agissait d'un match, on dirait que l'équipe des lapins, des ?ufs et des cloches mène largement face à celle de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Soit les auteurs des quatre Evangiles dans lesquels est relatée la vie de Jésus-Christ. Et sa mort. Et sa résurrection. Une résurrection à laquelle chacun est libre de croire, mais qui constitue l'essence même du christianisme. Que reste-t-il de Pâques?

08 avr. 2007, 12:00

C?est l?une des questions que nous avons posées à Elisabeth Reichen, diacre de l?Eglise réformée évangélique neuchâteloise (Eren). Elle est plus particulièrement animatrice au sein du Centre cantonal «théologie, éducation et formation», qui a notamment pour but de veiller à ce que soit assuré l?enseignement religieux.

Dans le monde chrétien, ou supposé tel, pensez-vous qu?une majorité de personnes connaissent la signification de la fête de Pâques? Cela dépend de l?âge. La population qui a suivi les cours de religion, à l?époque où ils étaient obligatoires, connaît cette signification. Mais depuis que ces cours sont devenus facultatifs un peu partout, la jeune génération ne connaît plus guère l?origine de cette fête.

Comment vivez-vous cette évolution? Je trouve que c?est grave. Notre société, en Europe occidentale en particulier, est en train de perdre une partie de ses racines. Sait-on encore pourquoi il y a un dimanche dans la semaine? (1) Des fêtes durant l?année? Je ne parle pas ici de croyance, ni de foi, mais de culture générale. Ces fêtes, ce sont des traditions, mais ce sont aussi des balises qui permettent de nous orienter, de nous construire, voire de donner un sens à notre vie. Quel sens y a-t-il à acheter des articles de Pâques dans les magasins? Qu?on soit croyant ou non, la vie exemplaire du Christ, et son message d?amour, sont autrement plus enrichissants.

Comment expliquez-vous cette évolution? Il y a beaucoup de raisons à cela. Les Eglises ont leur part de responsabilité. Mais je déplore aussi la retenue, pour ne pas dire la peur des écoles, comme en témoigne la polémique de l?automne dernier à propos de Noël. A l?inverse, on peut donner l?exemple de Zurich: lorsque les autorités ont décidé de supprimer les cours d?histoire biblique, beaucoup de gens ont lutté, avec succès, pour que l?école primaire dispense des leçons de «religion et culture». Elles portent essentiellement sur le christianisme, mais également sur d?autres religions. Encore une fois, le christianisme fait partie de notre histoire, de nos racines, de nos traditions, avec tout ce que cela implique dans le fonctionnement de la société actuelle. Et c?est aussi un certain nombre de valeurs, dans un monde où les jeunes, dit-on, manquent de repères.

Vous mentionnez Noël. La signification de cette fête est plus connue que celle de Pâques. Comment l?expliquez-vous? Le récit sur la naissance d?un enfant est plus facile à faire passer que celui d?une mise à mort et, surtout, d?une résurrection... Avec Pâques, nous sommes dans le «croire», alors que les gens veulent des preuves. Nous sommes dans un cheminement personnel intérieur, alors que les gens veulent consommer et se distraire. Nous sommes même au-delà: pour un croyant, Pâques est une espérance. /PHO

(1) Le mot dimanche vient du latin «dies Dominicus», jour du Seigneur
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